Selon le ministre russe de la Défense Sergueï Choïgou, le Centre de contrôle de la défense est le « QG moderne du chef des armées ».
Le centre russe a été créé sur la base du Poste de commandement central d'état-major des forces armées et du Centre situationnel du ministère de la Défense. Ce qui le différencie principalement des centres de contrôle antérieurs, c'est qu'il se base sur une plateforme informatique et de communication moderne.
Le système logiciel et matériel de ce centre dépasse largement celui du Pentagone. Le superordinateur du ministère de la Défense est capable de stocker des données de 236 pétabytes ( contre 12 pétabytes pour son homologue américain ), et sa performance est estimée à 16 pétaflops ( contre 5 pétaflops au Pentagone ). La vitesse de traitement des informations s'élève à «50 bibliothèques Lénine à la seconde», selon une comparaison faite par Sergueï Choïgou.
Ce système surveille en permanence le déplacement des troupes, le chargement de l'infrastructure de transport, les publications dans les médias et les commentaires sur les réseaux sociaux. La machine est capable de simuler les conséquences de différents incidents, ou encore d'évaluer l'impact des conditions météorologiques défavorables. Grâce à des modèles mathématiques, le système calcule les possibilités optimales pour remplir des tâches concrètes.
La principale mission du nouveau centre consiste à veiller à l'exécution des ordres, ainsi qu'à la collecte et au traitement des informations qui influencent la capacité défensive du pays. En pratique, l'augmentation de la vitesse de transfert des données se traduit par l'amélioration du contrôle des forces armées et par un accomplissement plus efficace des commandes publiques pour la défense. Même en cas de situation d'urgence, le centre permet de mobiliser les ressources nécessaires dans des délais plus courts qu'auparavant.
Chaque arme de chaque district militaire dispose de son propre mini-centre de défense. Le système de contrôle mis en place depuis deux ans est pyramidal: le centre de contrôle se trouve au sommet avec, en-dessous, des antennes qui non seulement envoient les informations à Moscou mais également les dupliquent. En cas de frappe hypothétique contre le bâtiment du quai Frounzenskaïa, il sera ainsi possible de contrôler la défense du pays à partir de n'importe quel centre régional.
Plus de mille spécialistes militaires et civils travaillent en quatre factions 24h/24. Le chef du centre, le général Mikhaïl Mizintsev, note que la surveillance permanente de la situation en Russie et dans le monde est assurée par un personnel ayant une grande expérience dans le commandement des forces et dans la gestion de systèmes complexes d'armement. Tout l'effectif du centre effectue un stage de formation supplémentaire avec un accent sur la maîtrise des technologies informatiques.
L'activité du centre ne cesse de se perfectionner: la logistique technique a été entièrement mise en place fin 2015 et tous les ministères ont été connectés au système informatique. Le 25 novembre 2016, Mikhaïl Mizintsev a annoncé que la structure du système comprenait 73 ministères et organisations. Le nouvel objectif fixé par le ministre Choïgou est l'intégration dans le système de toutes les régions et entreprises de défense du pays.
Les experts rappellent qu'en 2013 les avis étaient divisés sur la nécessité de créer le Centre national de contrôle de la défense. Néanmoins, les événements de 2014 ont confirmé le besoin d'un système de contrôle informatique avancé. La situation dans le monde est devenue plus imprévisible et des menaces hybrides ont fait surface, alors que les ressources du ministère de la Défense à lui seul ne suffisaient pas pour les parer.
L'expert rappelle que le centre participe au contrôle de l'opération militaire en Syrie: « Le centre de contrôle de la défense dispose d'un matériel numérique capable de contrôler les opérations en Syrie. Depuis l'époque soviétique, nous étions toujours en retard en termes de moyens de communication — c'était notre talon d'Achille. La situation est foncièrement différente aujourd'hui. Le ministère de la Défense travaille depuis l'espace et via d'autres canaux secrets. Nous avons la possibilité de contrôler les troupes sans que l'ennemi nous voie ».
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