Le parlement européen a voté ce mercredi 23 novembre une résolution appelant à limiter l'activité des médias russes en Europe. Ces derniers sont accusés de propager de fausses informations ayant pour but « d'affaiblir l'unité de l'Europe ». À ce titre, ils sont mis dans le meme sac que la propagande de Daech sur le net.
Be aware of Russian and IS propaganda, warn foreign affairs MEPs. Read more ahead of tomorrow’s debate → https://t.co/yIwDuOlKXd pic.twitter.com/R7VK4DzY4y
— European Parliament (@Europarl_EN) 20 ноября 2016 г.
Ricardo Gutierrez, Secrétaire général de la Fédération européenne des journalistes (FEJ) tient à préciser que son organisation n'a pas non plus été consultée avant la soumission de la résolution au vote. Une confédération qui rassemble pourtant quelque 68 associations et syndicats de journalistes dans 43 pays et qui représente 300 000 journalistes en Europe, dont 57 000 journalistes russes:
Pour lui, le texte de la résolution « manque de cohérence, est confus et manque de nuance »:
Un texte, qui rappelle une autre époque à Ricardo Gutierrez. Il faut dire que l'auteur du texte, l'eurodéputé polonaise Anna Fotyga ne lésine pas sur les moyens qu'elle propose afin de mettre fin aux activités « subversives » des agences publiques de presse russes, comme de recourir au soutien des centres de communication de l'Otan.
« Je suis aussi gêné par une certaine diabolisation. Ce texte est pour moi typique d'un climat de guerre froide ou de nouvelle guerre froide, où l'on aurait d'un côté les bons médias, les bons journalistes et de l'autre côté les propagandistes. Évidemment, les choses sont beaucoup plus compliquées, beaucoup plus nuancées. »
Mais au-delà de cette perception manichéenne des témoins de l'actualité, le texte approuvé par l'Union européenne n'est-il pas en désaccord avec certaines valeurs prônées par l'Union, comme la liberté d'expression et le pluralisme? Si aucun média français mainstream n'a jugé bon de relayer l'événement, Ricardo Gutierrez tient à se montrer rassurant et minimise la portée de la resolution:
304 députés ont voté en faveur et 179 contre, 208 se sont abstenus. Un texte qui ne fait pas l'unanimité au sein du parlement européen selon Ricardo Gutierrez:
« Ce texte ne traduit absolument pas une vision européenne du problème. On voit que c'est un texte controversé, on voit que ce sont des dispositions qui ont eu beaucoup de succès dans certains pays d'Europe et pas du tout dans d'autres, dans des grands pays notamment. »
« Je ne veux pas me montrer pessimiste, parce que je pense que ce texte est l'expression d'un courant de pensée particulier au sein du Parlement européen, ce texte est porté notamment par le courant europhobe, qui n'est pas forcément représenté au sein des gouvernements nationaux. »
Il éloigne ainsi les risques de voir des parlements nationaux emboîter le pas à leur grand frère européen:
Quoi qu'il en soit, ce jeudi 24 novembre, le ministère russe des Affaires étrangères a averti, par le biais de sa porte-parole Maria Zakharova, que si la résolution adoptée par le Parlement européen était suivie d'effets concrets, Moscou adopterait des contre-mesures appropriées. Quant aux agences de presse incriminées, elles étudient les recours juridiques possibles, notamment la possibilité de porter plainte devant la Cour de justice de l'Union européenne.
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