Le Parlement européen a approuvé la résolution sur le gel des pourparlers concernant l'adhésion de la Turquie à l'UE, une décision qui s'explique en partie par la réaction « disproportionnée » d'Ankara au coup d'État survenu en juillet. 479 députés ont voté en faveur de la résolution, 37 s'y sont opposés.
Le document appelle la Commission européenne et les gouvernements européens à suspendre les négociations avec Ankara, mais ne revêt qu'un caractère de recommandation. L'initiative avait été avancée par la fraction parlementaire des socialistes et démocrates.
La phrase suivante a été ajoutée au texte de la résolution au tout dernier moment:
« Le Parlement européen considère comme alarmantes les déclarations critiques du président turc Recep Tayyip Erdogan sur l'accord de Lausanne ».
Selon le ministre turc des Affaires de l'Union européenne Ömer Çelik, la Turquie poursuivra sa lutte contre le terrorisme en dépit de la résolution adoptée par le Parlement européen.
« En tant que ministre je dis souvent à mes amis de l'UE: alors que la Turquie traverse une période difficile dans sa lutte contre le terrorisme à cause de menaces en provenance de Syrie et d'Irak, l'Europe tient malheureusement des discussions unilatérales et à courtes vues. Ces attaques visent le côté humain et nous n'allons pas reculer. Nous allons évaluer encore une fois la résolution que le Parlement européen a adopté aujourd'hui », a lancé aux journalistes M. Çelik.
Le dirigeant turc a déclaré hier que son pays n'attacherait aucune attention particulière à cette résolution. Dans une interview à Reuters donnée la veille du vote au Parlement européen, le conseiller du président turc Bülent Gedikli avait de son côté qualifié la résolution de « folie ».
Un accord d'association entre la Turquie et l'UE a été signé en 1963. La Turquie a soumis une demande d'adhésion en 1987, mais les négociations n'ont commencé qu'en 2005. Depuis lors, Ankara et Bruxelles se sont accordés sur moins de la moitié des 35 points techniques auxquels la Turquie doit se conformer pour adhérer à l'UE.