« Le même phénomène se passe aujourd'hui, a déclaré la Roumaine Monica Macoveï, qui accusait la Russie d'attaquer l'Europe "par le biais de la propagande" ». Comme Anna Fotyga, les partisans du rapport demeurent engoncés dans une loi d'airain de l'histoire : « reconnaissons que l'histoire est susceptible de se reproduire », poursuivait Macoveï. « La guerre dure », ajoutait le polonais Marek Jurek.
Une majorité moins écrasante
Une majorité moins écrasante que prévu en faveur de cette résolution, donc. D'autant plus que la règle en vigueur au sein de l'Hémicycle strasbourgeois veut qu'aucun eurodéputé ne votecontre la consigne de son groupe parlementaire. Seul moyen d'assouplir cette discipline parlementaire : s'abstenir. Il semblerait donc qu'un certain nombre des 268 abstentionnistes soient en fait critiques à l'égard du rapport d'Anna Fotyga, sans qu'on puisse bien sûr les évaluer avec précision. Car le nombre considérable d'abstention ne peut s'expliquer par les seuls députés non-inscrits, au nombre de 17.
En tout état de cause, les débats ont vu des arguments intéressants fuser dans l'hémicycle : « [ce rapport] est le signe de l'effondrement de la civilisation occidentale : je ne veux pas qu'une administration réglemente la pensée », déclarait Michal Marusik, Polonais du groupe Europe Nations et Libertés, estimant là que le vote est un pas décisif vers le contrôle de l'information au sein de l'UE.
Alimenter une nouvelle guerre froide
Le Bulgare Momchil Nekov, de l'Alliance progressiste, a de son côté souligné que le texte « s'oppose à un partenaire global et (…) contribuera à remettre en question notre relation bilatérale ». Plus mordant, le Britannique Jonathan Arnott s'est amusé à déclarer que « les fonds des contribuables ne devraient pas être utilisés pour cela » avant d'ajouter : « on pourrait utiliser une partie des fonds pour lutter contre la propagande pro-européenne ». Et puis enfin Diane James, elle aussi britannique : selon elle, ce rapport « adopte une position agressive contre la Russie, ignorant tous les autres pays qui sont aussi coupables ». « L'Union doit cesser d'aggraver les relations avec la Russie, ce n'est pas très constructif d'alimenter une nouvelle guerre froide », a-t-elle conclu.
L'asymétrie renversée
Plus encore, ceci révèle la logique fallacieuse du rapport, qui au-delà d'une hostilité délibérée, voile difficilement certains: Bruxelles veut en réalité augmenter le budget de son propre organisme — que les eurosceptiques ne manquent pas de qualifier « de propagande ». Somme toute, l'UE semble se rigidifier, se crisper, réagir à sa manière et avec maladresse à la contestation à son encontre, qui se fait de plus en plus vive depuis au moins une décennie.
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