Le rédacteur en chef du principal journal d'opposition turc Cumhuriyet et 19 de ses journalistes ont été arrêtés et placés en garde à vue dans le cadre d'une enquête pour « activités terroristes » en lien avec le mouvement du prédicateur Fethullah Gülen, accusé d'avoir ourdi le putsch raté, et avec le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), annonce le parquet d'Istanbul dans un communiqué.
« Autrement dit, l'arrestation des journalistes a été effectuée sur la base de ces accusations. Cela est effectivement possible, mais seulement dans le contexte de l'état d'urgence qui est malheureusement toujours en vigueur bien que la tentative de putsch remonte au mois de juillet », a déclaré à Sputnik Tansel Çölaşan, ex-procureur de la Haute cour administrative de Turquie.
Et d'ajouter qu'à présent, à l'aide de résolutions du Conseil des ministres, ayant force de loi, la pratique même de l'instauration de l'état d'urgence avait été modifiée et aussi et surtout, des restrictions supplémentaires avaient été introduites affectant les droits de l'homme et les libertés fondamentales des citoyens.
« Cela se trouve en contradiction flagrante avec la Constitution et crée des conditions pour garder à vue les opposants le temps nécessaire. Aussi, la pression exercée sur Cumhuriyet présente-t-elle tous les signes d'une pression politique des autorités sur l'opposition », a souligné l'interlocuteur de l'agence.
De son côté, l'ancien représentant du journal à Ankara Mustafa Balbay, député du Parti républicain du peuple (CHP) au parlement, a indiqué à Sputnik qu'il dénonçait fermement l'arrestation des journalistes.
« Les forces qui mènent cette opération contre Cumhuriyet doivent savoir que le journal ne cédera pas même sous la pression la plus puissante et finira par surmonter la crise actuelle (…) Il est temps de rejeter toutes nos divergences pour faire front uni afin de défendre les journalistes. On doit sauver les valeurs fondamentales de l'État turc et lutter pour la liberté d'expression et la liberté de la presse », a-t-il lancé, en appelant les autorités à relâcher au plus vite les journalistes du principal journal d'opposition du pays.
Dans un texte publié sur son site, Cumhuriyet affirme qu'il « mènera jusqu'au bout la lutte pour la démocratie et la liberté ».
Quoi qu'il en soit, les autorités turques nient pour leur part toute atteinte à la liberté de la presse et affirment que les seuls journalistes arrêtés sont ceux liés à des "organisations terroristes", expression désignant le PKK et le réseau güléniste.
La Turquie est 151e au classement mondial de la liberté de la presse dressé par l'ONG Reporters sans frontières (RSF) en 2016, derrière le Tadjikistan et juste devant la République démocratique du Congo.
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