Ils sont fous ces Russes! à en croire leurs médias, la troisième guerre mondiale a commencé. J'ai lu ça dans Libération et le Figaro. Les deux papiers de nos estimés confrères ont été apparemment nourris à la même dépêche AFP, tout comme LCI.
Un hypothétique « Plan B » américain — hypothétique selon le Figaro et Libé — en Syrie envisagerait une intervention directe des États-Unis contre les troupes de Bachar El Assad et l'aviation russe pour stopper l'offensive contre Alep Est.
Loin de moi l'idée de remettre en cause la réalité de cette psychose. Il est bien possible qu'un vent de panique souffle dans les rues et les médias de Moscou, mais vivant à Paris, je suis mal placé pour avoir un avis autorisé sur la question.
Non, mais je voudrais juste la remettre un peu en perspective. Comme ça par exemple:
Ça, c'est le général Mark Milley, le « chief of staff » de l'armée américaine, l'un de ses plus hauts responsables d'État-major. Le 6 octobre dernier, il s'adressait en termes à peine voilés à la Russie —et à tous ceux qui s'opposeraient aux vues américaines — en disant : « on va vous mettre une pâtée comme vous n'en avez jamais connue ! »
Si vous avez un doute, il remet ça quelques instants plus tard :
« On peut battre tout ennemi, ou ils veulent, quand ils veulent », juste après avoir parlé de la Russie, de la Chine et de quelques autres gêneurs…
Quant à Hillary Clinton, actuelle favorite dans la course à la Maison-Blanche, elle nous dit ceci:
En résumé, après avoir accusé sans preuve la Russie et la Chine de divers piratages, elle martèle que, elle présidente, toute cyber attaque sera traitée comme n'importe quelle autre forme d'agression, y compris par des moyens militaires.
« C'est l'OTAN qui arrive à nos frontières et non pas nous qui allons quelque part », disait Poutine à propos de ces renforts. Flagrante mauvaise foi du leader du régime russe, lui qui a positionné tout exprès et de manière très agressive son pays à proximité immédiate des bases de l'OTAN !
Encore un peu de contexte? C'était en 2015, un officier de l'Otan confie à John Schindler, ancien analyste de la NSA et conférencier respecté de la communauté de défense américaine: « Nous serons probablement en guerre cet été, mais avec de la chance, elle ne sera pas nucléaire. »
Said a senior NATO (non-US) GOFO to me today: "We'll probably be at war this summer. If we're lucky it won't be nuclear." Let that sink in.
— John Schindler (@20committee) 20 мая 2015 г.
Propos bellicistes d'un officier exalté ou fuite organisée, un message officieux pour montrer à qui de droit qu'on ne plaisante pas avec l'Oncle Sam ? On ne sait pas, mais le propos donne tout de même à réfléchir, d'autant qu'à la même époque, on apprenait de Robert Scher, un haut responsable du Pentagone, qu'il planchait sur trois scénarios d'attaque nucléaires sur la Russie !
De tout cela et de bien d'autres exemples que je n'ai pas le temps de développer ici, nous ne sommes guère informés par nos chers médias mainstream. Peut-être les Russes sont-ils plus au parfum ?
Ça n'excuse peut-être pas leur éventuelle psychose, mais ça pourrait l'expliquer un tout petit peu.