Dans le livre publié jeudi et intitulé « Un président ne devrait pas dire ça», le dirigeant français affirmerait que son homologue russe l'aurait appelé au lendemain du référendum du 5 juillet 2015 en Grèce — rejetant un plan de sauvetage de la zone euro — pour lui confier qu'Athènes avait demandé à Moscou la possibilité d'imprimer des drachmes en Russie.
« Je dois te donner une information (…). La Grèce nous a fait une demande d'imprimer les drachmes en Russie, car ils n'ont plus d'imprimerie pour le faire », aurait ainsi déclaré au téléphone Vladimir Poutine à François Hollande.
« Je voulais te donner cette information, que tu comprennes bien que ce n'est pas du tout notre volonté », aurait-il ajouté.
Selon les auteurs du livre, Gérard Davet et Fabrice Lhomme, deux journalistes du Monde, ce coup de fil sert de preuve que la Grèce envisageait bien de sortir de l'UE à ce moment-là.
Difficile de lire ces strophes sans penser qu’il s’agit d’une blague un peu top sophistiquée pour en comprendre le sens. Difficile également de considérer cette citation présumée comme une preuve de quoi que ce soit, tellement cette situation est inimaginable.
Pourtant, les médias français en parlent sur un ton bien sérieux…
Les présidents ont de grands jouets: si les gens ordinaires, quand ils n’ont plus d’encre, téléphonent à leurs amis pour imprimer des textes, des billets de voyage ou encore des documents, les présidents, eux se passent un coup de fil pour demander de faire marcher la planche à billets.
Figurez-vous que les journalistes de l’AFP ont même demandé aux membres du gouvernement grec de commenter, mais le gouvernement (surprise-surprise) a démenti vendredi avoir cherché à « imprimer des drachmes en Russie » lors de la crise l'an dernier, contrairement à ce que François Hollande aurait indiqué dans un livre de confidences sur la foi d'une conversation avec Vladimir Poutine.
Interrogée par l'AFP, une source gouvernementale grecque a précisé qu'Alexis Tsipras s’était à l'époque entretenu trois fois au téléphone avec Vladimir Poutine avant le référendum, mais qu' « il ne lui avait jamais demandé » d'imprimer des drachmes.
« Les deux dirigeants (grec et russe) s'étaient mis d'accord pour que la Grèce reste dans la zone euro », a souligné cette source ayant requis l'anonymat.
Difficile de dire s’il s’agit d’une libre interprétation des propos du président de la République par les deux auteurs ou encore d’une « phrase prise hors contexte », mais toute personne un tant soit peu lucide ne peut s’imaginer un chef d’État appeler congénère pour lui demander d’imprimer de l’argent. Et, comble, c’est un président qui raconte cette histoire au cours d’un échange téléphonique avec un autre président et pas en prenant un coup dans un bar avec ses potes…
Bref, même si le livre suscite beaucoup de questions bien sérieuses, notamment celle de savoir pourquoi M. Hollande aurait demandé à ce qu’on écrive un livre qui ternit à ce point sa réputation ou encore pourquoi des citations accablantes apparaissent dans les médias petit à petit, comme des révélations de Wikileaks, alors même que le livre est disponible et qu’on peut le citer de A à Z, la « confidence présidentielle » est si hallucinante qu’on se gardera bien d’insister.