Sur fond d'or, de pourpre et d'hermine, le premier président de la Cour de cassation Bertrand Louvel a asséné qu'il n'était "pas concevable que la charge de président (…) puisse être utilisée par son titulaire pour contribuer à diffuser parmi les Français une vision aussi dégradante de leur justice", rapporte l'AFP.
M. Louvel et le procureur général de la plus haute juridiction française, Jean-Claude Marin, ont mis toute la solennité de la Cour de cassation au service de leur indignation, en ouvrant à la presse une audience prévue de longue date dans la "Grande chambre" de l'institution, d'une splendeur écrasante, devant une assemblée de magistrats en grande tenue.
Le premier président a estimé que, venant du garant constitutionnel de l'indépendance de la justice, les commentaires de M. Hollande posaient "un problème institutionnel".
Ces commentaires, M. Marin les a lus dans un silence pesant, détachant chaque mot.
Dans le livre "Un Président ne devrait pas dire ça…" des journalistes Fabrice Lhomme et Gérard Davet, François Hollande déclare: "Cette institution, qui est une institution de lâcheté… Parce que c'est quand même ça, tous ces procureurs, tous ces hauts magistrats, on se planque, on joue les vertueux… On n'aime pas le politique. La justice n'aime pas le politique…"
Tentant d'éteindre l'incendie, l'Elysée a fait valoir jeudi que le président devait "être considéré au regard de ses actes et de ses discours publics" et avait "toujours respecté l'indépendance de la justice qu'il a souhaité garantir au plan constitutionnel".
M. Hollande "a toujours exprimé son respect pour l'institution et les magistrats qui la servent", a-t-on insisté de même source, précisant que "c'est ce qu'il a(vait) dit (…) après les avoir écoutés" à MM. Louvel et Marin, pourtant peu coutumiers des coups d'éclat mais qui s'étaient invités à l'Elysée mercredi soir.