Bientôt un baril de pétrole à moins de 20 dollars?

© AP Photo / Hasan Jamaliextraction de pétrole
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Les prix du pétrole pourraient chuter sous la barre des 20 dollars le baril à l'initiative de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) - une perspective catastrophique pour les pays producteurs évoquée par Eulogio del Pino, ministre vénézuélien du Pétrole.

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Quant aux Iraniens, qui ont torpillé les dernières négociations sur le gel de l'extraction, ils affirment n'être venus à la réunion de l'OPEP à Alger que pour échanger des points de vue. L'Organisation y organise le 28 septembre des discussions informelles sur cette question mais l'adoption d'un accord réel pour régler la situation est peu réaliste tant les intérêts divergent.

Menace sur les pays très dépendants

«  Si les pays producteurs n'arrivaient pas à s'entendre sur des actions communes lors de leur rencontre à Alger, la situation pourrait gravement empirer  », jugeait le ministre vénézuélien mardi 27 septembre.

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Son pays n'est actuellement pas dans la meilleure des postures: le pétrole assure 96 % de ses recettes à l'export et le niveau actuel des prix pourrait bientôt se solder par un effondrement économique et social du Venezuela. La nationalisation des entreprises par l'ancien président Hugo Chavez et l'accent mis sur les exportations de matières premières se sont traduits par des vitrines vides dans les magasins, une hausse de la pauvreté et un déficit de marchandises. Caracas tient donc particulièrement à cet accord de gel de la production.

Tous les pays très dépendants du pétrole sont pessimistes à ce sujet. Ainsi Noureddine Bouterfa, ministre algérien de l'Énergie, a affirmé que les prix pourraient rechuter «  aux environs de 30 dollars le baril  » en cas d'échec des négociations.

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La situation de la Russie n'est pas aussi critique que celle du Venezuela: ses recettes sont constituées à 40 % de la vente de pétrole et de gaz et la dépendance du pays envers les matières premières s'affaiblit progressivement. Et la Russie est intéressée à parvenir à un accord. Les efforts d'Alexandre Novak, ministre de l'Énergie, vont justement dans ce sens. Il n'a pas été invité à la réunion de l'OPEP car elle destinée seulement aux membres de l'organisation et la Russie n'en fait pas partie.

«  Nous estimons qu'on peut réduire l'offre sur le marché grâce au gel des volumes d'extraction — qui fait l'objet des discussions actuelles  », estime toutefois le ministre. Compte tenu de l'attitude de ses homologues du Golfe, toute proposition sur une réduction éventuelle des exportations est actuellement vouée à l'échec.

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Dans tous les cas, le rapport de forces sur le marché de l'énergie ne dépend pas du Venezuela, du Nigeria ni même de la Russie. Les acteurs principaux sont des pays qui n'ont aucun intérêt à réduire voire geler leur production de pétrole. Surtout, l'OPEP n'a aucun levier d'influence pour contraindre ses membres à respecter les accords signés: les chances de stopper la chute sont donc pratiquement nulles, avec ou sans réunion d'Alger.

L'Iran campe sur ses positions

Bijan Zanganeh, ministre iranien du Pétrole, a ouvertement fait comprendre que son pays n'avait aucune envie de signer de tels accords. «  Je suis venu ici pour un échange de vues, pas plus  », a-t-il répondu à la presse qui l'interrogeait sur les propositions éventuelles de l'Iran pour un gel ou une réduction de l'extraction. Ses propos ont tout de suite suscité une chute des prix mondiaux.

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A la bourse londonienne ICE, les contrats à terme de Brent pour novembre se chiffraient à 46,56 dollars le baril le 27 septembre à 12h37 (heure de Moscou) soit une chute de près de 2  % par rapport au matin. Les cours auraient pu chuter davantage si la position iranienne avait été un scoop pour le marché. Mais la nouvelle était attendue.

L'Iran n'a même envoyé aucun représentant à la dernière réunion de Doha, ce qui a automatiquement fait perdre toute utilité aux négociations. La raison officielle de l'absence de la délégation iranienne était la volonté de Téhéran d'augmenter l'extraction au niveau d'avant les sanctions économiques internationales — soit 4 millions de barils par jour. Les autorités iraniennes ne veulent examiner aucun gel avant l'accomplissement de cet objectif. Dans ces conditions, l'Arabie saoudite n'était pas non plus prête à renoncer à augmenter sa production — l'Iran est en effet le conçurent direct du royaume sur les marchés européens.

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Le prix du pétrole atteint son maximum depuis novembre dernier
Bijan Zanganeh assiste cette fois à la réunion. Reza Padidar, chef de l'Association des producteurs iraniens d'équipements pétrogaziers, a annoncé dès juin dernier que la production nationale avait atteint le niveau de 4,1 millions de barils par jour, ce qui ne signifie pas pourtant que Téhéran est prêt à entreprendre des mesures concrètes afin de réduire l'offre. Bijan Zanganeh indique que son pays pourrait être prêt à examiner cette question en novembre. «  Aujourd'hui, ce n'est pas le moment de prendre des décisions, a-t-il souligné. Nous tentons de nous entendre pour y arriver en novembre ».

La formule du ministre iranien indique qu'il ne faut pas s'attendre à des engagements iraniens en novembre: il ne s'agira que d'une nouvelle réunion. Bien que la part iranienne dans la production mondiale reste assez modeste — un peu plus de 4  % — sa position détermine l'attitude de l'Arabie saoudite qui détient plus de 13  %. Et Riyad s'obstine: il ne réduira sa production qu'en cas de gel côté iranien. Qui plus est, l'Arabie saoudite vient d'augmenter sa production à un niveau record de 10,67 millions de barils par jour.

Les USA responsables ?

Si l'on peut considérer les propos de Bijan Zanganeh comme rhétoriques, les déclarations de Mohammed Barkindo, secrétaire général de l'OPEP, sont une tentative désespérée d'améliorer la situation. Selon ses prévisions, la demande mondiale en pétrole devrait croître d'ici 2040 de 17 millions de barils pour atteindre 110 millions de barils par jour. Il estime que les responsables de cette chute des prix sont les pays non-membres de l'organisation, où la production est assez coûteuse. Il s'agit donc d'une allusion transparente aux USA — qui ne sont pas vraiment en mesure d'influer sur leurs producteurs indépendants car l'extraction est assurée par des entreprises privées, qui déterminent les prix.
Les sociétés privées américaines n'ont pas intérêt à faire chuter les prix car leur production perd sa rentabilité au-dessous de 40 dollars le baril. Mais si les pronostics pessimistes de plusieurs pays de l'OPEP s'avéraient réels, les Américains auraient une assurance: des instruments financiers dérivés pourraient leur permettre de survivre à la chute et de se protéger face aux risques.

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Les informations en provenance d'Alger et du marché sont pour le moment plutôt favorables à ceux qui misent sur une chute des cours. Ainsi, Anas Al-Saleh, vice-premier ministre koweïtien, a annoncé la volonté de son pays d'augmenter la production jusqu'à 4 millions de barils par jour d'ici 2020. Qui plus est, le Koweït envisage d'élargir ses capacités de traitement du pétrole à 1,6 millions de barils par jour pendant la même période. Et il s'agit du quatrième membre de l'OPEP selon les volumes de production — 3 millions de barils par jour. Bien que l'extraction nationale ait chuté de 60  % à cause de la grève des travailleurs du secteur en avril dernier, le pays veut non seulement revenir aux volumes antérieurs, mais aussi les augmenter dans le futur.

Enfin, les stocks de pétrole mondiaux commencent à être surchargés.

La réunion d'Alger va-t-elle changer quelque chose à la situation ? A cette question les cours du baril de Brent ont donné la meilleure réponse, qui ont chuté au-dessous de 46 dollars le baril avant la fermeture de la bourse ICE le 27 septembre. Le pétrole WTI a quant à lui reculé à 44 dollars.

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