Menace sur les pays très dépendants
« Si les pays producteurs n'arrivaient pas à s'entendre sur des actions communes lors de leur rencontre à Alger, la situation pourrait gravement empirer », jugeait le ministre vénézuélien mardi 27 septembre.
Tous les pays très dépendants du pétrole sont pessimistes à ce sujet. Ainsi Noureddine Bouterfa, ministre algérien de l'Énergie, a affirmé que les prix pourraient rechuter « aux environs de 30 dollars le baril » en cas d'échec des négociations.
« Nous estimons qu'on peut réduire l'offre sur le marché grâce au gel des volumes d'extraction — qui fait l'objet des discussions actuelles », estime toutefois le ministre. Compte tenu de l'attitude de ses homologues du Golfe, toute proposition sur une réduction éventuelle des exportations est actuellement vouée à l'échec.
L'Iran campe sur ses positions
Bijan Zanganeh, ministre iranien du Pétrole, a ouvertement fait comprendre que son pays n'avait aucune envie de signer de tels accords. « Je suis venu ici pour un échange de vues, pas plus », a-t-il répondu à la presse qui l'interrogeait sur les propositions éventuelles de l'Iran pour un gel ou une réduction de l'extraction. Ses propos ont tout de suite suscité une chute des prix mondiaux.
L'Iran n'a même envoyé aucun représentant à la dernière réunion de Doha, ce qui a automatiquement fait perdre toute utilité aux négociations. La raison officielle de l'absence de la délégation iranienne était la volonté de Téhéran d'augmenter l'extraction au niveau d'avant les sanctions économiques internationales — soit 4 millions de barils par jour. Les autorités iraniennes ne veulent examiner aucun gel avant l'accomplissement de cet objectif. Dans ces conditions, l'Arabie saoudite n'était pas non plus prête à renoncer à augmenter sa production — l'Iran est en effet le conçurent direct du royaume sur les marchés européens.
La formule du ministre iranien indique qu'il ne faut pas s'attendre à des engagements iraniens en novembre: il ne s'agira que d'une nouvelle réunion. Bien que la part iranienne dans la production mondiale reste assez modeste — un peu plus de 4 % — sa position détermine l'attitude de l'Arabie saoudite qui détient plus de 13 %. Et Riyad s'obstine: il ne réduira sa production qu'en cas de gel côté iranien. Qui plus est, l'Arabie saoudite vient d'augmenter sa production à un niveau record de 10,67 millions de barils par jour.
Les USA responsables ?
Si l'on peut considérer les propos de Bijan Zanganeh comme rhétoriques, les déclarations de Mohammed Barkindo, secrétaire général de l'OPEP, sont une tentative désespérée d'améliorer la situation. Selon ses prévisions, la demande mondiale en pétrole devrait croître d'ici 2040 de 17 millions de barils pour atteindre 110 millions de barils par jour. Il estime que les responsables de cette chute des prix sont les pays non-membres de l'organisation, où la production est assez coûteuse. Il s'agit donc d'une allusion transparente aux USA — qui ne sont pas vraiment en mesure d'influer sur leurs producteurs indépendants car l'extraction est assurée par des entreprises privées, qui déterminent les prix.
Les sociétés privées américaines n'ont pas intérêt à faire chuter les prix car leur production perd sa rentabilité au-dessous de 40 dollars le baril. Mais si les pronostics pessimistes de plusieurs pays de l'OPEP s'avéraient réels, les Américains auraient une assurance: des instruments financiers dérivés pourraient leur permettre de survivre à la chute et de se protéger face aux risques.
Enfin, les stocks de pétrole mondiaux commencent à être surchargés.
La réunion d'Alger va-t-elle changer quelque chose à la situation ? A cette question les cours du baril de Brent ont donné la meilleure réponse, qui ont chuté au-dessous de 46 dollars le baril avant la fermeture de la bourse ICE le 27 septembre. Le pétrole WTI a quant à lui reculé à 44 dollars.
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