La question de l'aide militaire à l'Ukraine, surtout dans le contexte des relations tendues entre l'Occident et la Russie et du conflit dans le Donbass, revêt un caractère d'un tout autre ordre pour le leadership américain. L'analyse du budget militaire américain pour l'année 2017 et de la pratique d'octroyer un soutien militaire les années précédentes démontre qu'il s'agit souvent d'imposer aux Ukrainiens du matériel vétuste, de l'équipement non opérationnel et de la machinerie qui n'a rien à voir avec le secteur de la Défense. Regardons ce schéma de plus près.
L'aide qu'on n'a pas demandée
La société américaine Worldwide Aeros, spécialisée dans la production des dirigeables à coquille douce utilisés à des fins militaires et commerciales, ainsi que pour des vols de reconnaissance et de patrouille du territoire, a finalisé cinq tranches d'un montant de 10 000 dollars chacune, ceci pour promouvoir au Congrès les mesures « de soutien de l'industrie aérospatiale et de la production des aéronefs plus légers que l'air, de promotion des dirigeables pour les besoins du service des frontières de l'Ukraine ». Souligné spécifiquement : Worldwide Aeros prône le financement et l'octroi des dirigeables à coquille douce dans le cadre des articles concordants de l'Acte des crédits autorisés pour la défense nationale consacrés à l'aide militaire à l'État ukrainien.
Qui est nommé comme responsable dans le rapport contenant ces mesures ? Martin van Valkenbourg, actuellement vice-président pour les relations de Worldwide Aeros avec les organismes étatiques. Dans le passé, ce monsieur avait été étroitement lié au lobby politique républicain, donc un tel personnage au sein de la société peut facilement lui assurer la bienveillance des sénateurs responsables de la répartition du budget pour la défense et du soutien militaire étranger.
De cette manière, les représentants du complexe militaro-industriel des États-Unis tentent d'influencer la répartition du budget alloué par le Pentagone pour le soutien militaire de l'Ukraine.
Ces armes stockées dans les entrepôts du Pentagone
De quelles sommes s'agit-il concrètement ? Selon l'Acte des crédits autorisés pour la défense nationale, l'Ukraine recevra pour l'année fiscale 2017 la bagatelle de 150 millions de dollars destinés à couvrir ses dépenses pour des « armes aériennes de défense ». Précision : les armes et l'équipement en question proviendront en partie des réserves du Pentagone…
Il nous revient alors à l'esprit ces livraisons d'armes qui refusent de tirer quand il le faut, tombent en panne ou ne correspondent tout simplement pas aux caractéristiques invoquées. Parmi les États qui « cèdent » volontiers leurs vieilles armes à l'Ukraine, il y a aussi le Royaume-Uni et des pays de l'Europe de l'Est.
Du profit mais aucune aide réelle
Pour l'expert de l'Association des politologues militaires indépendants Alexander Perendgiev, cité par le site Life, la vente de dirigeables à l'Ukraine n'est qu'une nouvelle tentative pour tirer profit du conflit dans le pays.
« Dans l'ensemble, l'Ukraine n'a pas besoin de dirigeables. On peut s'en servir bien sûr dans des cas isolés, mais décidément pas en grandes quantités. Apparemment, ici, il s'agit de business pur. »
Ainsi, on a l'impression que chaque société américaine de ce type offre son « aide » avec la complicité de hauts responsables ukrainiens. Ce complot ingénieux a pour but de brader du matériel inutile, matériel ensuite acheté avec les fonds alloués par les États-Unis en tant que crédits à l'Ukraine. L'argent alloué sera versé sur les comptes de l'entreprise et ces messieurs du gouvernement ukrainien recevront leurs pots-de-vin. Un schéma où tout le monde gagne et tout le monde est heureux, résume M. Perendgiev.
Quant à la marchandise en elle-même, les dirigeables, même s'ils sont bien équipés, appartiennent déjà au passé.
« Si l'on parle d'une armée moderne, il faut acheter des drones et non des dirigeables. Maintenant on se sert d'autres appareils, d'autres systèmes », souligne le politologue. « Cela n'améliorera pas les capacités de défense de l'Ukraine, mais quelqu'un en tirera profit tant aux États-Unis qu'en Ukraine. Ce qui ressemble plutôt à un schéma souterrain qu'à une aide réelle. »
A l'heure actuelle, les dirigeables sont utilisés comme base pour y installer des moyens de surveillance tels que des caméras, des radars ou des appareils de retransmission de signaux radios. Favoriseront-ils le règlement du conflit dans l'est du pays ? Il est permis d'en douter.
« C'est du business pur, les dirigeables n'auront pas d'impact considérable sur la situation militaire sur la ligne de front dans l'est de l'Ukraine », conclut un autre expert, Victor Mourakhovski.
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