En voyant le "deux poids, deux mesures" de la politique de l'Union européenne à l'égard d'Ankara, les Turcs exhortent les autorités à suspendre les négociations d'adhésion du pays à l'UE, a déclaré le chef de la diplomatie turque Mevlüt Cavusoglu, cité par les médias internationaux.
"Le peuple de Turquie s'aperçoit du "deux poids, deux mesures" de l'UE. Nous sommes exposés à une puissante pression des citoyens réclamant la suspension des négociations", a indiqué le ministre en visite en Slovénie.
M.Cavusoglu a reproché à l'Union européenne de critiquer ses voisins, tout en refusant d'écouter les critiques à son propre endroit.
"Le peuple turc a été traumatisé par le putsch du 15 juillet, ainsi que par l'attitude des Européens qui nous humilient au lieu d'aider la Turquie", a-t-il souligné.
Et d'accuser l'UE d'avoir attisé le sentiment anti-européen en Turquie en "favorisant", voire en "encourageant", les auteurs du putsch.
Une écrasante majorité de Turcs semble convaincue de la responsabilité du prédicateur islamique et ex-imam Fethullah Gülen, exilé aux Etats-Unis depuis 1999, dans le putsch raté, qui a été suivi d'une immense purge de ses partisans dans la fonction publique et la société civile turques.
Ankara accuse Fethullah Gülen d'être le cerveau du putsch avorté et exige son extradition, mais Washington reste sourd à cette revendication.
Quant à l'adhésion de la Turquie à l'UE, Bruxelles a de nouveau demandé à Ankara de modifier son arsenal juridique de lutte contre le terrorisme, faisant valoir qu'il était attentatoire à la liberté d'expression et autorisait les arrestations arbitraires de personnes soupçonnées de militantisme. Ankara a refusé de se plier aux exigences de Bruxelles.
Pour le ministre turc des Affaires étrangères, "peu sont les pays qui ont autant travaillé pour remplir les conditions d'adhésion à l'UE que la Turquie", qui ne récolte en retour "que des menaces, des insultes et un blocage total" de la part des Vingt-Huit. Les négociations d'adhésion de la Turquie à l'Union européenne se poursuivent depuis 2005, mais le projet est au point mort et ce n'est certainement pas la tentative de coup d'Etat qui lui redonnera vie.