Pourquoi les Européens sont hostiles à l'adhésion de la Turquie à l'UE

© AP Photo / Osman OrsalLes drapeaux de la Turquie et de l'UE
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A la question de savoir s'ils souhaitent voir la Turquie adhérer à l'UE, la plupart des Européens répondent par la négative.

Le premier ministre britannique David Cameron a déclaré il y a quelques jours que la Turquie n'adhérerait pas à l'Union européenne même d'ici l'an 3000. L'agence Sputnik a demandé à Nathalie Tocci, directrice de l'Institut des Affaires internationales et conseillère spéciale de Federica Mogherini, de commenter cette assertion.

"A mon avis, il est beaucoup plus intéressant de savoir si les Turcs auront à l'avenir envie d'y adhérer. A l'heure actuelle, le processus d'intégration est plus important pour la Turquie que l'adhésion elle-même. Et c'est logique, car la transformation effectuée par un pays candidat afin de se conformer aux normes européennes constitue l'élément crucial de la politique d'élargissement de l'UE", a affirmé Mme Tocci.

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La Turquie ne sera membre de l'UE qu'en... l'an 3000
Selon elle, il est peu probable qu'Ankara accepte de subir des transformations aussi profondes. Dans le même temps, Mme Tocci juge également peu probable que l’ensemble des 28 pays de l'UE avalisent la demande d'adhésion turque.

Priée de citer les raisons pour lesquelles les Européens refusent de voir la Turquie au sein de l'UE, la conseillère de Mme Mogherini a fait savoir que cette attitude résultait de plusieurs facteurs.

"Il s'agit en premier lieu de la conscience — culturelle et religieuse — que les Européens ont d'eux-mêmes. Il ne fait aucun doute que lors des débats portant sur l'Europe et plus particulièrement sur l'Union européenne, la question de la culture et de la religion joue aujourd'hui un rôle beaucoup plus important qu'il y a par exemple 20 ans. Depuis quelques années, le facteur religieux revêt une importance de plus en plus grande, si bien que l'opposition entre le christianisme et l'islam trouve malheureusement un écho chez certaines personnes", a indiqué l'analyste.

Une autre raison du scepticisme européen à l'égard de l'adhésion d'Ankara consiste, selon Mme Tocci, dans le fait que l'économie turque est aujourd'hui "moins développée que celle de n'importe quel membre de l'UE". Enfin, la troisième raison réside dans des considérations politiques.

"Quand on entend parler de la situation dans le domaine de la liberté d'expression en Turquie et des solutions apportées au problème kurde, on a l'impression que le pays est en train de régresser. On se demande si la Turquie partage les normes et les valeurs mises à la base du projet européen", a conclu l'interlocutrice de l'agence.

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