Une fois la "Jungle" de Calais démolie, où iront les réfugiés?

© AFP 2024 PHILIPPE HUGUENla "Jungle" de Calais
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Alors que les autorités françaises sont déterminées à démanteler la "Jungle" de Calais, la tension ne cesse de monter autour du camp. Démolir le camp, et ensuite? Le démantèlement n'est pas une solution, et les réfugiés "libérés" devront être abrités ailleurs, estime Julie Lavayssière de l'association Utopia56 dans un entretien à Sputnik.
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Selon le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve, le gouvernement poursuivra, et avec la plus grande détermination, le démantèlement de la "Jungle" de Calais. Mais la démolition du camp est-elle vraiment une solution? Mme Lavayssière ne le pense pas.

"Cela ne ferait qu'éclater la Jungle en des dizaines de petits camps autour. Le problème serait toujours le même, par contre le travail des associations, de la municipalité et de la police n'en serait que plus compliqué".

D'autant plus que ces gens ne vont pas partir et qu'ils demanderont l'asile, dit en écho Maya Konforti de l'association "l'Auberge des migrants".

"Donc si on détruit la Jungle trop vite, on va se retrouver avec des gens à la rue et des gens à la rue ça s'installe n'importe comment et cela fait beaucoup plus de désordre que la Jungle qui existe en ce moment", précise-t-elle.

Cette initiative qui ne plaît ni aux Calaisiens, ni aux routiers, ni aux associations, ni aux principaux concernés, les réfugiés, doit être discutée avant d'être mise en place.

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"On a écrit une lettre ouverte à tout le monde, en particulier aux groupes de chasseurs et aux Calaisiens, en proposant une table ronde et en discutant de ce problème: parce qu'il y a une situation migratoire ici, elle ne plaît à personne! Elle ne plaît pas aux chasseurs, elle ne plaît pas aux routiers, elle ne plaît pas aux Calaisiens, elle ne plaît pas aux associations […] elle ne plaît pas aux réfugiés non plus!", pointe Mme Konforti.

Les associations ont pourtant proposé des solutions. D'abord, il faut mettre en place un suivi, en plus des places dans les centres d'accueil où il y a un manque de personnel. Ensuite, il faut peut-être modifier les accords du Touquet, avec l'Angleterre, poursuit Mme Lavayssière de l'association Utopia56. Troisièmement, l'accueil citoyen dont la ministre Emmanuelle Cosse a commencé à parler semble prometteur.

"En effet, il y a beaucoup de citoyens qui souhaitent s'engager mais qui pour l'instant n'ont pas les moyens de s'engager dans l'accueil des réfugiés", souligne Mme Lavayssière.

La population de la "Jungle" de Calais s'élève à 6.900 personnes selon la préfecture, quelque 9.000 selon des associations, soit une augmentation de 50% depuis la mi-juin.

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