La destitution de Dilma est dans l’intérêt de l’oligarchie néolibérale brésilienne

© REUTERS / Ueslei MarcelinoDilma Rousseff
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Dilma Rousseff destituée! L'affaire durait depuis des mois, mais la destitution de la présidente brésilienne a finalement été votée mercredi au Sénat par 61 voix contre 20, alors qu'une majorité des deux tiers était requise. Une procédure controversée que certains observateurs estiment en décalage par rapport aux attentes de la population.

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A Sao Paulo et dans une dizaine d'autres villes, des milliers de personnes sont descendues dans les rues pour protester contre le départ de Dilma Rousseff. Le procès lancé contre elle en avril est perçu par beaucoup comme une atteinte aux acquis et aux droits sociaux obtenus au cours de plusieurs années de lutte. Pour Christophe Ventura, chercheur à l'IRIS et spécialiste de l'Amérique latine, la destitution de la présidente brésilienne est dans un premier temps dans l'intérêt de l'oligarchie:

"(La destitution) ne correspond pas à la volonté de la population brésilienne. C'est la volonté, avant toute chose, de l'oligarchie brésilienne des secteurs économiques, financiers qui sont liés par ailleurs au capital financier international et qui ont un projet de restauration du néolibéralisme au Brésil et au-delà dans toute l'Amérique latine".

Selon l'expert, les alliances ont été réorganisées autour de l'objectif de décapiter Mme Rousseff et avec elle la gauche dans le pays et dans la région.
De nombreux experts considèrent que la procédure de destitution de Dilma prête à controverse. "Nous reviendrons!", a promis Dilma Rousseff à l'issue du vote. Pour elle et ses partisans, les accusations qui la visent sont des "prétextes pour permettre un coup d'Etat". Christophe Ventura considère que la destitution de Dilma marque plus globalement la fin de la vague rouge anti-impérialiste en Amérique latine.

"Aujourd'hui, il est sûr que ce qui se passe au Brésil et en Amérique latine est un coup dur, un coup d'arrêt par rapport à cette vague progressiste qui a marqué les 15 dernières années latino-américaines. C'est un coup d'arrêt d'une gauche… qui est victime d'une certaine usure, fatigue du pouvoir. Dans ce projet de restauration néo-libéral qui est en train de s'abattre aujourd'hui sur le Brésil et l'Amérique latine, il y a l'idée du réalignement des pays latino-américains dans l'axe atlantique, nord-américain".

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D'après Christophe Ventura, il faudra s'attendre à une privatisation, une vente des ressources naturelles aux entreprises multinationales et aussi au retour de ce qui avait été refoulé il y a dix ans avec l'accord de libre-échange USA-Amérique latine. "Il est fort probable que ce danger qui avait été écarté revienne sur la table dans les temps qui viennent", suppose l'interlocuteur de Sputnik. Sur fond de crise économique et d'affaires de corruption, le procès de destitution de Dilma Rousseff a polarisé la société brésilienne. Il ne fera que renforcer la crise, estime M. Ventura.

"La destitution de Mme Rousseff ne résout pas cette crise. Au contraire, elle va certainement l'accélérer puisqu'aujourd'hui vous avez au Brésil toute une partie de la population qui se sent volée. Elle comprend que ce qui est en train de se passer, c'est une captation du pouvoir par la droite. Les gens vont connaître désormais une dissolution de tout ce qui a été gagné durant les 15 dernières années en matière de droit", explique l'expert.

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