"(La destitution) ne correspond pas à la volonté de la population brésilienne. C'est la volonté, avant toute chose, de l'oligarchie brésilienne des secteurs économiques, financiers qui sont liés par ailleurs au capital financier international et qui ont un projet de restauration du néolibéralisme au Brésil et au-delà dans toute l'Amérique latine".
Selon l'expert, les alliances ont été réorganisées autour de l'objectif de décapiter Mme Rousseff et avec elle la gauche dans le pays et dans la région.
De nombreux experts considèrent que la procédure de destitution de Dilma prête à controverse. "Nous reviendrons!", a promis Dilma Rousseff à l'issue du vote. Pour elle et ses partisans, les accusations qui la visent sont des "prétextes pour permettre un coup d'Etat". Christophe Ventura considère que la destitution de Dilma marque plus globalement la fin de la vague rouge anti-impérialiste en Amérique latine.
"Aujourd'hui, il est sûr que ce qui se passe au Brésil et en Amérique latine est un coup dur, un coup d'arrêt par rapport à cette vague progressiste qui a marqué les 15 dernières années latino-américaines. C'est un coup d'arrêt d'une gauche… qui est victime d'une certaine usure, fatigue du pouvoir. Dans ce projet de restauration néo-libéral qui est en train de s'abattre aujourd'hui sur le Brésil et l'Amérique latine, il y a l'idée du réalignement des pays latino-américains dans l'axe atlantique, nord-américain".
"La destitution de Mme Rousseff ne résout pas cette crise. Au contraire, elle va certainement l'accélérer puisqu'aujourd'hui vous avez au Brésil toute une partie de la population qui se sent volée. Elle comprend que ce qui est en train de se passer, c'est une captation du pouvoir par la droite. Les gens vont connaître désormais une dissolution de tout ce qui a été gagné durant les 15 dernières années en matière de droit", explique l'expert.