Sanctions antirusses: la position de la France effraye Kiev

© AP Photo / Virginia MayoDrapeaux de l'UE
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La France freine-t-elle le processus de prolongation des sanctions antirusses ?

C'est en référence à une source à Bruxelles que les médias ukrainiens révèlent que l'Elysée serait en train de consulter les parlementaires français, retardant ainsi la prise de décision finale de l'UE quant au maintien des sanctions contre la Russie. Une information que les parlementaires français ne confirment pas.

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Émotion dans la presse ukrainienne! L'Union européenne décide de prolonger les sanctions antirusses dans une ambiance interne complètement défavorable à une telle démarche. Cinq pays restent convaincus que la levée progressive des sanctions imposées contre la Russie serait une bonne nouvelle, à savoir la Hongrie, la Grèce, l'Italie, la Slovaquie et Chypre. Mais comme leur poids au sein de l'UE n'est pas très important, leur voix n'intéresse personne.

La France, c'est une autre chose. Et les récents votes des deux chambres du parlement français en faveur de l'annulation des sanctions contre la Russie ont semé la panique en Ukraine. En effet, La France reste l'un des principaux moteurs de l'intégration européenne. Il suffirait que l'opinion de Paris sur les sanctions bascule pour faire changer d'avis Bruxelles. C'est l'une des raisons pour laquelle Petr Porochenko s'est rendu le 21 juin à Paris.

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Entre temps, les médias ukrainiens ont commencé leur campagne de lamentation quant au comportement des élites politiques françaises qui souhaitent en finir avec les sanctions antirusses. Se référant à une source à Bruxelles, la presse ukrainienne a diffusé l'information selon laquelle la France freinerait le processus de prolongation des sanctions antirusses. D'après ces informations, la France, tout comme la Grande-Bretagne et la Suède, ont choisi de consulter leurs parlements avant de donner à Bruxelles leur avis définitif concernant la prolongation de sanctions contre Moscou. Mais si au Royaume-Uni et en Suède ce sont des procédures formelles, en France ça prendrait plus de temps, vu les derniers votes au sein des deux chambres du parlement sur la levée des sanctions. Ainsi, le 24 juin la question ne pourrait pas être discutée au niveau européen à cause de Paris…

Selon le député Thierry Mariani, créateur de la résolution appelant l'Assemblée nationale à voter en faveur de la levée des restrictions imposées contre la Russie, les faits évoqués par les médias ukrainiens seraient infondés. L'objectif des Ukrainiens étant de convaincre les Français de ne pas s'opposer à la politique de sanctions européenne à laquelle Kiev tient beaucoup.

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«C'est une fausse information, il n'y a pas de vote à l'Assemblée nationale là-dessus. Le vote à l'Assemblée nationale a eu lieu, le vote au Sénat a eu lieu et il n'y a rien de prévu à l'Assemblée nationale. C'est impossible puisque le parlement français va être en vacances très prochainement. Ce que je sais, c'est que la France devient un grand pays de tourisme pour le gouvernement ukrainien. Puisqu'on a eu le ministre des Affaires étrangères ukrainien qui est venu nous supplier de maintenir les sanctions à la Commission des Affaires étrangères de l'Assemblée nationale et du Sénat. Ou en plus un député ukrainien Gueraschenko qui est l'un des plus extrémistes puisque c'est lui qui était après l'incendie de la Maison des syndicats à Odessa en train de haranguer la foule. Cette semaine on a Porochenko qui est en France pour exactement les mêmes raisons. M. Juncker a annoncé déjà que les sanctions étaient prolongées ce qui, entre nous, est une provocation pour les gouvernements nationaux puisque ça prouve vraiment qu'avant même que les gouvernements nationaux aient donné officiellement leur opinion, le président de la Commission annonce déjà la décision».

Pour le sénateur Yves Pozzo di Borgo qui a proposé le projet de résolution sur la levée progressive des sanctions au Sénat, les informations révélées par les Ukrainiens sont également une surprise.

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«Moi, je n'ai aucune information du gouvernement français là-dessus. Ce que je sais, c'est ce qu'il n'y a aucune obligation pour le gouvernement de demander l'avis du Parlement sauf que, comme il y a eu la résolution de l'Assemblée nationale et surtout la résolution du Sénat qui a été votée par tous les groupes (301 voix pour et 16 contre), le gouvernement est obligé d'en tenir compte. C'est un problème politique, il n'est pas tenu juridiquement d'en tenir compte. Mais il est évident que le gouvernement va tenir compte de la résolution qu'on a faite soit cette fois-ci, soit dans les six mois prochains. Politiquement, il ne peut pas faire le contraire. On a eu le débat mardi dernier avec le ministre des affaires européennes sur la préparation du Conseil européen. Moi, je suis intervenu pour mon groupe. Et on a bien rappelé au gouvernement que ce n'était pas normal qu'après un vote du parlement ce soient les ambassadeurs ou les ministres qui décident. C'est au chef du gouvernement à décider. On a rappelé ça ».

Nicolas Dhuicq, député de l'Aube, considère que le gouvernement français devrait tenir compte des votes à l'Assemblée nationale et au Sénat concernant les sanctions antirusses malgré les obstacles représentés par Washington auxquels les autorités sont confrontées.

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«Je pense que les informations que vous avez font partie de la désinformation ukrainienne qui essaie toujours de faire des menaces ou des contrepoids pour mener à bien sa politique à lui qui est de maintenir à tout prix les sanctions. Je pense que la motion que nous avons adoptée à l'Assemblée nationale et celle du Sénat quand même font réfléchir le gouvernement français. A deux reprises le gouvernement était battu: à l'Assemblée nationale et au Sénat. Le gouvernement ne peut pas ne pas entendre que les parlementaires sont majoritairement mécontents de cette politique stupide de sanctions à l'égard de la Fédération de Russie. Je pense que Jean-Marc Ayrault a une position bien plus ouverte et équilibrée que n'avait Laurent Fabius. Mais d'un autre côté, il n'y a aucune procédure officielle puisque les résolutions que nous avons adoptées ne sont pas contraignantes pour le gouvernement qui est seul juge et seul souverain. Et je pense encore une fois que les pressions américaines financières sont certainement extrêmement fortes. Le souci que nous avons c'est que comme la dette atteindra bientôt 100 % du PIB… le gouvernement a besoin de prêts bancaires et ces prêts souvent viennent directement sous l'influence américaine en réalité, du fait de poids de dollar dans l'économie planétaire. Donc, je pense qu'il y a une perte de souveraineté française dans ce domaine. Ce qui fait que le gouvernement oscille certainement entre une volonté d'entendre le parlement et de comprendre les professionnels français qui demandent la levée des sanctions, particulièrement dans le domaine agricole. Et de l'autre, la nécessité d'emprunter à des taux réduits de l'argent pour boucler le budget».

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S'il s'avérait malgré tout que les informations diffusées par les médias ukrainiens étaient fondées, Paris a jusqu'à la fin du mois de juillet pour convaincre les États membres de l'UE de revoir la politique de sanctions adoptée à l'encontre de la Russie. Le 20 juin, Jean-Marc Ayrault a fait savoir qu'il favoriserait une discussion sur les sanctions européennes imposées contre Moscou au sommet à Bruxelles les 28-29 juin. François Hollande déclarait également qu'il était prêt à une levée progressive des restrictions antirusses sous réserve d'accomplissement des accords de Minsk 2. En visite en Russie la semaine dernière, Nicolas Sarkozy annonçait qu'il était "de ceux qui pensent qu'il faut lever les sanctions". Bref, ça bouge au niveau français.

Mais même à Kiev il n'y a pas d'avis unique quant à la nécessité de restrictions contre la Russie. Graciée en mai par le président russe Vladimir Poutine, la pilote ukrainienne Nadejda Savtchenko devenue depuis député du parlement ukrainien, prône elle aussi la levée des sanctions antirusses. Elle a en outre déclaré que l'Occident devait poursuivre un dialogue politique et économique avec la Russie au lieu de l'entraîner "dans la troisième guerre mondiale". Et qu'en pense finalement Bruxelles?

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