On estime que le terme netstalker a été inventé par le peintre canadien Jon Rafman, devenu connu avec son projet The Nine Eyes of Google Street View, son travail considéré comme l'expression de la tâche principale d'un "netstalking pur" — la recherche de choses incroyables et étranges dans les tréfonds de l'internet.
Crazy images caught by Google Maps cams. https://t.co/LKnjeDK1Ig pic.twitter.com/FZCP4inJ9v
— Jeff Reynolds (@ThinkJeffThink) 6 июня 2016 г.
Rafman a sélectionné les photos les plus étonnantes et mystérieuses prises par les robots de Google Street View: le 9 Eyes montre très clairement le mécanisme de travail d'un stalker: analyser une quantité phénoménale d'informations en rejetant 99,99% du contenu pour repérer une miette représentant un intérêt pour une étude.
Serial Experiments Lain pic.twitter.com/ZBaR1BCRX4
— Fullbuster Kid (@DiegoNez2) 1 июня 2016 г.
La série Serial Experiments Lain est aussi culte parmi les netstalkers. Cette série sortie en 1998 a poussé beaucoup de monde à étudier l'internet. Dans le scénario, l'héroïne principale recherche d'abord des fichiers, puis acquiert la possibilité de se déplacer physiquement à l'intérieur du net. Le jeu éponyme sorti par la suite décrit presque entièrement la routine du stalking: rechercher, trier et cataloguer les fichiers. Parmi d'autres références importantes, les stalkers parlent du film Matrix des sœurs Wachowski et d'Avalon de Mamoru Oshii — qui a inspiré plusieurs projets à la fois, dont les créateurs de la carte des "niveaux de l'internet".
The #fascinating tropes of the 2001 #movie "Avalon", by Mamoru Oshii. #VirtualReality #Japan https://t.co/SV9vWbBBHF pic.twitter.com/lcVhmdLfyY
— Fouad Boussetta 2112 (@FouadBoussetta) 12 апреля 2016 г.
Le passé
Le groupe Synthetical Science fut l'une des premières communautés de stalking. Un utilisateur a conservé la copie de leur blog, qui permet de conclure que le groupe n'était pas essentiellement spécialisé en recherche, mais en mémétique et en mémoprojection — l'étude et la création des "virus mentaux".
Le groupe a fermé en 2012 après seulement deux ans d'existence, laissant derrière lui le livre de John Ono Tao of memetic engineering (ou "Le Tao de la projection mémétique"), culte parmi les netstalkers.
Les internets mystérieux
Le destin de Trailhead
Trailhead était une autre grande organisation, parallèle à Synthetical Science. Son destin est assez mystérieux et entouré de nombreuses légendes.
Le premier Trailhead est né en 2009 de l'imagination de quatre enthousiastes qui élaboraient une méthodologie et des algorithmes de recherche par la méthode d'essais et d'erreurs. A l'époque, l'activité des chercheurs classiques se limitait à l'écriture de brefs textes sur différentes anomalies du web, sans aller plus loin. Trailhead a tenté d'ignorer cette tendance et a continué de travailler jusqu'à sa disparition en 2011.
Au final, le premier Trailhead s'est effondré pour renaître immédiatement grâce aux membres restants. C'est eux qui ont fondé ce qu'on appelle aujourd'hui le "second Trailhead". La communauté a commencé à s'élargir pour atteindre un maximum de neuf membres. A cette époque, les netstalkers s'occupaient uniquement de la recherche et du traitement d'informations — et ont trouvé de nombreux fichiers et projets clés.
Le netstalking a commencé à disparaître lentement à partir de 2011. Quelques petits groupes travaillaient, dont on distinguait le "QG des fichiers secrets" et ISCOPAZI. En l'absence de meilleure alternative, l'un des principaux domaines de "recherche" était la Maison calme.
La légende de la Maison calme
Le mythe des fichiers mortels
Le premier cas de fichier mortel fut très certainement celui du fameux dessin animé sur les pokémons: à la fin des années 1990, une grande hystérie a été provoquée par des rumeurs selon lesquelles plusieurs enfants avaient mis fin à leurs jours en voyant l'un des épisodes du dessin animé.
Quand tu te regardes dans le miroir et que tu y vois ton double maléfique! 😱😆 #Pokemon pic.twitter.com/DsBpXfa8qc
— Millenium Pokémon (@MillePokemon) 7 июня 2016 г.
La légende de l'existence d'une vidéo capable de tuer le spectateur est indirectement liée à la "théorie de la 25e image" (ou "message subliminal"), qui était également très répandue dans les années 1990. L'expérience a prouvé que ces vidéos n'avaient rien de mortel et que le mal de tête évoqué par certains spectateurs provenait probablement de l'effet placebo. Les fichiers mortels, tout comme les vidéos creepy (vidéos effrayantes avec des effets spéciaux sciemment créés), sont l'un des mystères du netstalking car on ignore tout de leur origine.
Leur travail était d'abord très actif: des novices étaient recrutés et formés, puis les meilleurs d'entre eux étaient choisis. Le nombre maximal de participants était d'environ 30 personnes. Néanmoins, c'est dans le cadre de ce projet qu'a été créé l'unique guide détaillé décrivant les algorithmes de recherche et les logiciels requis. Entre autres, ce "manuel" contenait un "schéma de l'internet" détaillé, qui vaut qu'on s'y attarde un peu.
Le schéma de l'internet
Certains ont supposé que le premier schéma de l'internet était la fameuse théorie des niveaux, où tout le web se divisait en fragments — du plus accessible D au plus mystérieux A, où se trouverait la Maison calme. Mais c'est faux: la première carte de l'internet était l'Archéologie de l'internet. C'est cette dernière et le film Avalon qui ont inspiré les stalkers de Synthetical Science à créer le plan primaire. On ignore qui est son auteur exact mais dans la Conversation avec un rapporteur, on suppose que les auteurs étaient bien SynSci.
En réalité, ce plan n'était pas un schéma concret mais plutôt un guide sur les principales valeurs culturelles du netstalking. En 2015, le groupe INCOPAZI et Amnesia ont conçu une nouvelle carte décrivant précisément la zone qui intéressait les netstalkers. Ce schéma reste d'actualité.
Le présent
Aujourd'hui, le netstalking tente de sortir de la longue crise qui a commencé après l'effondrement du troisième Trailhead. Le nouveau projet S.T.A.G.E. cherche à revenir à ce qui faisait du stalking un phénomène culturel autonome. Son fondateur Ray Manson reconnaît que l'opacité et la volonté des novices de "ne pas faire du netstalking mais de paraître cool sur son fond" tuent aujourd'hui les projets.