Intervenant samedi à Istanbul, le président turc Recep Tayyip Erdogan a fustigé à nouveau le Bundestag allemand pour sa reconnaissance du génocide arménien sous l'Empire ottoman, rapporte la presse locale.
"La question arménienne est utilisée partout dans le monde comme un moyen pratique de chantage contre la Turquie", a déclaré l'homme fort du Bosphore, affirmant qu'on se souciait très peu des Arméniens eux-mêmes.
Et d'ajouter que les Allemands n'avaient sans doute pas pris en compte le fait qu'ils risquaient de perdre un ami comme la Turquie.
"Je me demande comment les responsables allemands pourront désormais me regarder en face", a-t-il dit.
M.Erdogan a prévenu une fois de plus que l'adoption par l'Allemagne d'une résolution sur le génocide arménien de 1915 aurait des effets néfastes sur les relations entre Ankara et Berlin.
"Je tiens à m'adresser à l'Europe tout entière, y compris à l'Allemagne, pour dire haut et fort: soit nous adoptons des résolutions équitables, soit la Turquie laisse l'Europe seule face à ses problèmes et difficultés", a martelé le président turc, faisant manifestement allusion à l'afflux migratoire discontinu sur le Vieux Continent.
Jeudi 2 juin, les députés allemands ont adopté une résolution reconnaissant le génocide arménien. Le texte intitulé "Souvenir et commémoration du génocide des Arméniens et d'autres minorités chrétiennes il y a 101 ans" a été adopté à la quasi-unanimité des présents (une voix contre et une abstention).
Erevan estime qu'un million et demi d'Arméniens avaient été exterminés de manière systématique à la fin de l'Empire ottoman. Nombre d'historiens et plus de vingt pays, dont la France, l'Italie et la Russie, ont reconnu qu'il y avait eu un génocide. La Turquie affirme pour sa part qu'il ne s'agissait que d'une guerre civile, doublée d'une famine, dans laquelle 300.000 à 500.000 Arméniens et autant de Turcs avaient trouvé la mort.