La toute récente initiative allemande qui consiste à reconnaître le génocide arménien au niveau législatif a provoqué la colère du côté turc. Ainsi, le président turc Recep Tayyip Erdogan ne s’est pas retenu de menacer Berlin. Le premier ministre turc Binali Yildirim a apparemment suivi l’exemple, qualifiant le vote allemand d’"absurde".
"Nous estimons ce vote absurde et sans motif. Ces événements ont eu lieu au cours de la Première Guerre mondiale… Nous déclarons ouvertement et clairement au monde que nous n’avons rien à cacher sur cette question. Nous croyons qu’il faut mener une étude approfondie à ce sujet pour révéler les fautes de chaque côté. Cependant, ce sont les historiens qui doivent le faire. Il est tout à fait trompeur de transformer ce sujet historique en un problème politique", a déclaré M. Yildirim aux journalistes ce mercredi.
Il a également exprimé l'espoir que le Bundestag prenne en compte l'opinion des 3,5 millions de Turcs qui ont la citoyenneté allemande.
Dans un entretien à Sputnik, Laurent Leylekian, analyste politique au sein de l'Observatoire arménien, a expliqué que pour l’Allemagne cette résolution était une manière de dire "stop" à la Turquie, qui utilise de plus en plus souvent la question des réfugiés comme levier pour influencer Ankara.
"A mon avis, justement, cette résolution, c’est précisément dans l’autre sens qu’il faut la voir. C’est parce que la Turquie a pris trop d’importance, de puissance, a trop exercé ce genre de menace de rétorsion vis-à-vis de l’Allemagne sur la question des réfugiés. C’est une manière de dire +stop+, c’est un ras le bol exprimé vis-à-vis de la Turquie", a déclaré M. Leylekian.
D’après lui, pour le moment, la Turquie est une puissance assez forte, mais son influence ne dépasse guère les pays qui se situent dans son environnement immédiat. Elle ne peut pas tout simplement faire arrêter Berlin, et c’est la raison de sa colère.
"L’Allemagne et l’Europe dépendent de la Turquie pour les réfugiés, mais la Turquie a beaucoup besoin de l’Europe. La Turquie est forte, mais isolée. C’est un jeu où tout le monde se tient par la barbichette. Je pense que la Turquie n’a pas les moyens de se mettre à dos l’Allemagne", a conclu M. Leylekian.
Nombre d'historiens en provenance de plus d'une vingtaine de pays, dont la France, l'Italie et la Russie, le parlement européen et le Conseil œcuménique des églises, ont reconnu le génocide. La Turquie affirme pour sa part qu'il s'agissait d'une guerre civile doublée d'une famine, au cours de laquelle 300.000 à 500.000 Arméniens et autant de Turcs auraient trouvé la mort.