"La Turquie doit cesser de se mettre la tête dans le sable quand il s'agit de ce problème. La déportation est un crime contre l'humanité. C'est pour cette raison que de nombreux pays européens ont signé les conventions contre le génocide", a indiqué Mme Dogan.
Le Bundestag allemand a qualifié jeudi de génocide la déportation et les massacres des Arméniens dans l'Empire ottoman. La Turquie a considéré cette décision comme erronée et a rappelé son ambassadeur de Berlin.
"La tragédie de 1915 et la reconnaissance de ces événements comme un génocide n'est pas un problème auquel on peut réagir en condamnant la décision du parlement allemand, en rappelant un ambassadeur et en appelant à dire +non+ aux voitures Mercedes. La résolution allemande ne ressemble pas à celles examinées auparavant. L'Allemagne reconnaît sa responsabilité dans cette tragédie. Un pays qui a connu le nazisme a élaboré un projet de loi permettant de voir la vérité en face et accepter la vérité historique", a ajouté Mme Dogan.
De plus, si la Turquie souhaite protester contre la décision du Bundestag allemand conformément aux normes juridiques, elle doit "déposer une plainte auprès de la Cour pénale internationale ou la Cour internationale de justice de La Haye et se soumettre à la décision d'un tribunal, plutôt que de simplement dénoncer la résolution du parlement allemand", estime la parlementaire.
"Nous insistons sur la formation d'une commission parlementaire spéciale chargée d'enquêter sur ce crime contre l'humanité. Malheureusement, il n'existe pas de base solide en Turquie pour lancer une telle enquête. Il n'y a ni système parlementaire efficace ni liberté de la parole" en Turquie, déplore la représentante de l'opposition turque.
Ankara s'oppose toujours à toute reconnaissance du génocide arménien par la communauté internationale. La Turquie soutient que la mort de plusieurs centaines de milliers d'Arméniens et d'autres minorités non-musulmanes, entre 1915 et 1917, était bien une tragédie, mais ne constitue pas un génocide. Les Arméniens et la majorité des chercheurs du monde entier qualifient l'événement de génocide et plus de 20 pays le reconnaissent officiellement en tant que tel.