En 1974, la crise pétrolière avait atteint son apogée. L'embargo décrété par les pays de l'OPEP contre les Etats unis en réaction à leur soutien militaire à Israël avait quadruplé le prix du brut. Les conséquences de ces mesures ne se sont pas fait attendre: le marché des valeurs s'est effondré, l'inflation est montée en flèche et la situation économique était dans un état déplorable. Et voilà qu'en juillet de la même année le secrétaire au Trésor américain William Simon a fait une tournée au Proche-Orient et en Europe, accompagné de son adjoint Gerry Parsky, écrit Bloomberg.
Neutraliser le recours au pétrole en tant qu'arme économique, tel était le but de ce déplacement dans le royaume saoudien. De plus, Nixon avait fixé pour objectif de trouver un moyen de convaincre les Saoudiens, hostiles envers les USA, d'investir dans la dette publique américaine. Les négociations devaient réussir à tout prix, car tout échec aurait sapé l'état financier du pays et permis à l'Union soviétique de renforcer ses positions dans le monde arabe.
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— Bloomberg (@business) 31 mai 2016
Le scénario choisi par William Simon était relativement simple: les USA devaient acheter du pétrole à l'Arabie saoudite et lui apporter une assistance militaire et matérielle en échange de milliards de pétrodollars saoudiens.
Des rencontres à huis clos et de longs mois de négociations ont suivi. Il ne restait qu'un seul point sur lequel insistait le roi saoudien de l'époque, Fayçal ben Abdelaziz Al Saoud: l'achat par Riyad d'obligations du Trésor devait rester secret. C'est ce qu'a découvert Bloomberg se référant à une dépêche diplomatique tirée de la base nationale des archives américaines.
Or, les statistiques officielles ne tenaient pas compte des investissements saoudiens dans la dette américaine, et en réalité les Saoudiens auraient investi "au moins le double", a indiqué à l'agence un ex-employé du Trésor américain ayant requis l'anonymat.
Pourquoi cette information était-elle tenue secrète? Les négociations ont eu lieu seulement dix mois après la fin de la guerre du Kippour, et le roi Fayçal craignait surtout que l'argent saoudien se retrouve directement ou indirectement entre les mains du principal ennemi de l'Arabie saoudite, Israël, ce qui aurait nui à la réputation du royaume si cette information avait été révélée.
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— Andrew Barden (@abarden) 31 mai 2016
Le Trésor américain a également fait une autre exception pour le royaume: dans les rapports mensuels sur la structure de la dette, en énumérant les pays détenteurs des obligations, 14 pays — dont l'Arabie saoudite, le Koweït, les EAU et le Nigeria — étaient réunis sous la mention "exportateurs de pétrole". Cette pratique a été appliquée pendant 41 ans.