Les dirigeants du groupe public pétrolier russe Rosneft, y compris son PDG Igor Setchine, ont déclaré en septembre dernier que deux facteurs empêchent Moscou de rejoindre l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP).
Premièrement, l'OPEP s'appuie sur des groupes pétroliers publics qui permettent d'appliquer aisément les décisions du cartel. Or le secteur pétrolier russe est privé. D'ailleurs, l'économiste de l'édition Lenta.ru Grigori Kogan cité par Rzeszpospolita, qualifie cet argument de bizarre. Il rappelle que le Kremlin a jusqu'ici réussi à influer sur les activités de tous les groupes pétroliers russes, tant publics (Rosneft) que privés (Lukoil, Tatneft, Surgutneftegaz, Bashneft).
Le second argument "est plus sérieux", d'après Mme Trusewicz. L'OPEP et la Russie ont des méthodes de production de pétrole différentes. Au Proche-Orient, le pétrole est facile à extraire, alors que les gisements russes sont situés à une grande profondeur dans des régions au climat rigoureux. Cela oblige les Russes à utiliser d'autres technologies et augmente le coût de production. Les Russes ne peuvent pas geler la production si l'OPEP prend une telle décision, puisque leurs puits de pétrole sont très profonds et seront bloqués en cas de pause dans leur exploitation, précise Mme Trusewicz.
Selon les récentes prévisions de Goldman Sachs, le pétrole restera bon marché ces 15 prochaines années. Or la Russie pourrait tout changer si elle devenait membre de l'OPEP, conclut Mme Trusewicz.