Vinicio Montoya a raconté à Sputnik dans un entretien exclusif son histoire étonnante rendue possible, entre autres, grâce à l’intervention du ministre russe des Affaires étrangères, Sergeï Lavrov.
Vinicio Montoya, dentiste guatémaltèque, qui avait failli rejoindre les astronautes de la NASA, est arrivé à Moscou sur l'invitation de Roskosmos (l’entreprise d'État russe pour les activités spatiales) et a visité le Centre d'entraînement des cosmonautes.
"J’ai longtemps mené une vie trop légère. Et puis j’ai eu un accident de la route suite auquel j’ai reconsidéré ma vision du monde. Je me suis rendu compte qu'il y a une chose dans le monde qui ne peut être achetée nulle part – c’est la vie. Alors j’ai décidé de vivre les choses à fond", a déclaré M. Montoya.
Puis la société qui soutenait ses initiatives l'a invité à prendre part aux cours de formation des astronautes organisés par une société privée américaine dans le cadre du programme de vol suborbital.
Ayant passé avec succès toutes les épreuves de qualification, qui comprenaient notamment un vol sur un avion supersoniqueà la vitesse de Mach 1, un test dans une centrifugeuse, dans un fauteuil pivotant à grande vitesse et beaucoup d’autres, M. Montoya pouvait alors prétendre à une place au sein de la NASA en qualité d’astronaute.
Selon la réglementation américaine, les citoyens étrangers ne peuvent participer au programme de formation des astronautes qu’au nom de leur agence spatiale nationale. Si le pays n’a pas d’agence, ils doivent renoncer à leur citoyenneté actuelle, pour devenir citoyen américain.
Ce choix n’était pas facile pour M. Montoya. Il a donc pris la décision de chercher ailleurs.
"Quand vous avez vraiment envie de réaliser quelque chose, vous êtes prêt à tout, quitte à le payer cher. Mais renoncer à ma nationalité – c’était trop. Je suis fier d'être guatémaltèque", a raconté Vinicio Montoya.
La solution est venue d'un côté inattendu. C’est Mamoru Mori (Mamoru Mohri), le premier astronaute japonais professionnel (premier vol en 1992) qui a conseillé à M. Montoya lors de sa visite au Guatemala de demander l’aide de la Russie.
"Je lui ai demandé: qu’est-ce que je peux faire? Il m’a dit d’en parlez-en aux Russes. En matière d’espace, ils ont une philosophie très ouverte", a raconté M. Montoya.
Tenant compte de ce conseil de Mamoru Mori, M. Montoya a fait tout son possible pour atteindre ses objectifs. Et il a finalement réussi a gagné le soutien du gouvernement guatémaltèque, qui a fait une demande officielle auprès de la partie russe à l'occasion de la visite du ministre des Affaires étrangères, Sergeï Lavrov. Le ministre russe a soutenu l'idée et a donné un sacré coup de pouce à notre ami guatémaltèque.
Après avoir reçu une invitation de la Roscosmos, M. Montoya est arrivé dans la capitale russe avec sa femme et son fils. Il a ensuite rencontré l’administration du Centre de formation des cosmonautes Youri Gagarine.
Le candidat heureux a ainsi pu s’assoir dans le fauteuil du vaisseau spatial Soyouz, découvrir d’autres engins spatiaux et rencontrer deux cosmonautes russes, en l’occurrence les participants de la prochaine mission, la 51e, de la Station spatiale internationale (ISS).
"Nous avons parlé, et leur réaction a été très positive et très hospitalière; l'un d'entre eux a dit que ce serait cool de lancer une expédition composée de trois personnes – deux russes et un guatémaltèque", se souvient M. Montoya avec un sourire.
Mais il doit désormais terminer sa formation. Son expérience précédente ayant été reconnue, sa formation initiale prendra 11 semaines au lieu d'un an et demi. Cependant, il n’effectuera pas de vol dans l’espace avant trois ans, car les missions spatiales pour les deux prochaines années sont déjà planifiées depuis longtemps.
"Je crois que l'espace supprime les frontières. Les questions géopolitiques, qui sont actuelles sur Terre, perdent toute signification dans l'espace. Et j’espère que ces leçons de l'espace vont nous aider ici, au sol", a conclu M. Montoya, expliquant l'importance des programmes spatiaux.