"Nous ne pensons pourtant pas que les Suédois nous attaqueront une fois que la Suède décidera d'adhérer à l'Otan", a précisé M. Lavrov dans un entretien accordé au journal suédois Dagens Nyheter. "Mais comme l'infrastructure militaire suédoise, dans le cas d'une adhésion, sera contrôlée par le commandement suprême de l'Otan, nous serons contraints de prendre des mesures nécessaires militaro-techniques à nos frontières septentrionales, vu que l'Alliance atlantique progresse d'un autre côté, l'alliance qui considère la Russie comme une menace et souhaite la contrer de toutes les façons possibles", a-t-il poursuivi.
Selon M. Lavrov, les décisions concrètes sur les mesures mentionnées seront prises par le ministère de la Défense et par l'Etat-major général.
"Lorsqu'ils voient quelque potentiel que ce soit de l'autre côté de nos frontières, tout près de la frontière ou plus loin, ils savent ce qui est en réalité derrière ce potentiel et à quoi il faut s'attendre si l'Otan décide un jour qu'il faut nous contenir d'une manière +chaude+", a poursuivi le ministre.
C'est une chose d'avoir des Etats voisins avec une position neutre, c'en est une autre quand ce sont des membres de l'Alliance atlantique qui cette fois déclare explicitement que son objectif consiste à contenir la Russie, sa "menace principale".
C'est pourquoi il s'agit désormais de différents Otans. Durant les années écoulées, il existait des relations de partenariat, de confiance entre la Russie et l'alliance et on n'entreprenait aucune tentative de considérer l'une ou l'autre comme une "menace". Mais aujourd'hui, l'Otan a drastiquement changé, elle semble être en manque: ils essayent de se présenter comme respectables mais pas tous y arrivent, estime M. Lavrov.
"En ce qui concerne la Suède, nous affirmons que tout pays a le droit de décider lui-même et en fonction de ses intérêts nationaux quelle forme de sécurité est la meilleure pour l'Etat. Il est probablement juste de le demander au peuple. Au Monténégro, on ne l'a pas demandé au peuple. Voilà un exemple. Qu'est-ce que le Monténégro peut donner à l'Otan s'agissant de la sécurité? Cette question n'a pas de réponse", met en valeur le ministre.
Concernant l'adhésion du Monténégro à l'Alliance atlantique, plusieurs dirigeants mondiaux demandent toujours d'où est provenue cette nécessité aiguë.
"La réponse est simple en effet, bien qu'on tende à l'éviter et à le cacher par des platitudes, disant que l'espace de sécurité et de démocratie s'étend, on exploite le plus de territoires géopolitiques, pour +encercler+ les pays qui ne sont pas toujours d'accord avec l'Otan, comme la Russie et la Serbie, par exemple", fait remarquer M. Lavrov.
L'Otan a voulu, bien avant les événements en Ukraine, préserver ses mains libres pour pouvoir s'approcher tout près à la frontière russe. Et aucun homme politique raisonnable ne doit l'applaudir.
"Nous réagissons adéquatement et en conséquence. C'est une nécessité pour que nous soyons prêts à n'importe quel tournant de la situation, vu que la minorité russophobe à l'Otan, après que l'Alliance a tenté de retrouver sa raison d'être lors de la campagne afghane mais n'y avait pas réussi, veut unir l'Alliance sur une base exclusivement antirusse, présentant la Russie comme une menace pour tout et tous", a-t-il résumé.