Anatole Kaletsky, journaliste spécialisé en économie écrivant pour Reuters et International Herald Tribune, a consacré à ce sujet un grand article publié par Project Syndicate, syndicat de journalistes diffusant des commentaires et articles analytiques dans des médias nationaux.
Anatole Kaletsky croit que les autres candidats évidents à ce rôle soit déclareront forfait, soit ne pourront pas le remplir: le Royaume-Uni s'est exclu lui-même, la France est paralysée jusqu'à l'élection présidentielle de l'année prochaine et, peut-être, au-delà tandis que l'Espagne ne parvient même pas à former un gouvernement.
Il existe cependant un pays qui a dominé la politique et la culture de l'Europe pendant la majeure partie de son histoire et qui est actuellement considéré comme périphérique. Ce pays qui s'appelle l'Italie rétablit actuellement son rôle historique en Europe comme une source des meilleures idées et de leadership dans la politique et, ce qui est le plus étonnant, dans l'économie.
Anatole Kaletsky cite à titre d'exemple la Banque centrale européenne devenue, sous la direction de l'Italien Mario Draghi, la banque centrale la plus créative du monde. Les immenses programmes d'assouplissement quantitatif que M.Draghi a imposé en dépit de l'opposition allemande ont sauvé l'euro.
La sourde révolte contre la politique économique du gouvernement allemand et de la Commission européenne menée sous la direction de l'Italie est moins évidente. Le ministre italien des Finances Pier Carlo Padoan a argumenté mieux que tout autre dirigeant de l'UE avant lui l'idée des incitations fiscales pendant les conférences de l'UE et lors de la récente réunion du FMI en avril à Washington.
M.Kaletsky fait remarquer que le ministre italien met déjà en œuvre ces incitations fiscales en diminuant les impôts sans toucher aux dépenses publiques, contrairement aux exigences de l'Allemagne et de la Commission européenne de durcir la politique budgétaire. Les mesures de M.Padoan portent déjà leurs fruits: l'Italie sera l'unique pays du G7 dont le taux de croissance en 2016 sera supérieur à celui de 2015 (même si cette croissance ne sera que de 1%).
En outre, l'Italie se comporte avec davantage d'assurance en matière de politique étrangère. Son ministre des Affaires étrangères Paolo Gentiloni met au point une politique européenne plus pragmatique et efficace à l'égard de la Libye et de la crise migratoire. Cela concerne également les relations avec la Russie et la coopération avec la Syrie.
L'Italie, réussira-t-elle à former une coalition de pays progressistes du point de vue économique et pragmatiques sur le plan politique afin de faire face au conservatisme et au dogmatisme allemands?
Anatole Kaletsky estime que la nouvelle génération d'hommes politiques italiens rusés et habiles saura prendre le dessus sur les dinosaures allemands malhabiles, dont les règles et doctrines obsolètes mènent l'UE à l'extinction.