Le ministère italien des Affaires étrangères a rendu publique la lettre du chef de la diplomatie Paolo Gentiloni visant à reconfigurer l'équilibre sur la scène internationale sur la base de ces cinq Etat européens.
"J'ai grandi en entretenant l'idée d'une Europe à deux vitesses, alors qu'à l'heure qu'il est, il est peut-être temps de construire une Europe à deux cercles concentriques", explique Paolo Gentiloni dans sa lettre, sous-entendant apparemment que les pays fondateurs comprendraient le premier cercle et les nouveaux membres de l'UE le cercle élargi.
"Nous proposons de relancer l'intégration européenne en faisant levier avec un bloc plus homogène", poursuit-il. "Les premiers réactions sont positives et je pense que dans les prochains jours, nous tiendrons une rencontre à six, à Rome".
La rencontre visera à élaborer une position commune des intervenants sur les sujets de l'immigration, de l'économie et des sanctions à l'encontre de Moscou.
Naturellement, "c'est une tentative du gouvernement italien de redevenir un acteur central dans la politique internationale", estime Raffaele Marchetti, professeur de la chaire de relations internationales de l'Université LUISS Giudo Carli, dans un entretien exclusif à Sputnik.
L'Union européenne vit actuellement une lourde période liée à la crise économique et à l'instabilité générale géopolitique, surtout au Moyen-Orient, en Afrique et en Ukraine. Ainsi, géopolitiquement parlant, par la voie de cette lettre, l'Italie assume une initiative et aspire d'une certaine manière à revêtir un rôle de premier plan dans la situation tendue d'aujourd'hui, précise M. Marchetti.
Pourtant, le gouvernement italien est davantage préoccupé par la situation en Libye qu'en Syrie, confie également M. Gentiloni dans sa lettre.
Selon lui, les crises d'aujourd'hui ont les mêmes origines, telles que la progression de l'Etat islamique et la catastrophe humanitaire des migrants, et le club séparé qu'il propose va incontestablement tenter de les résoudre.
Ainsi, l'Italie propose de fonder un club des pays-fondateurs de l'UE et de créer sur cette base un groupe puissant pour régler des questions internationales, permettant entre-temps d'y intégrer d'autres pays à la condition qu'ils partagent l'avis des premiers sur des sujets d'actualité.
De fait, il s'agit du retour à la vieille idée d'une Europe à deux vitesses, où la force motrice réside dans les mains des Etats-fondateurs, jouissant de la monnaie unique et d'une certaine homogénéité au niveau des partis vedettes, signale l'interlocuteur de Sputnik.
Dans le même temps, l'idée de créer des groupes de pays au sein de l'UE gagne de plus en plus en popularité, indique M. Marchetti à Sputnik.