"Tout ce qui se passe avec moi a l'air d'une mauvaise blague", a déclaré à Sputnik Ebru Umar, libérée hier en Turquie.
La journaliste a été interpellée par la police dans la nuit de samedi à dimanche à son domicile de Kusadasi, dans l'ouest de la Turquie, pour des tweets visant le président turc Recep Tayyip Erdogan. Ebru Umar avait récemment rédigé une chronique très critique envers le président turc dans le quotidien néerlandais Metro, dont elle avait ensuite twitté des extraits.
Dans un entretien à Sputnik elle a déclaré qu'elle espérait de la compréhension de la part de la direction de Metro car elle ne peut pas revenir au Pays-Bas pour le moment car elle est soumise à un régime de résidence forcée (elle doit pointer deux fois par semaine au poste de police). "Ma présence physique est indispensable au Pays-Bas. J'ai des entretiens fixés et d'autres choses à faire. Honnêtement, je ne sais que faire dans cette situation", a-t-elle avoué.
La journaliste a annoncé qu'elle allait faire appel de cette décision judiciaire et que pour cela elle attendait un papier officiel du Pays-Bas.
Mme Umar a souligné qu'il n'y avait aucune liberté d'expression en Turquie. "Je ne suis pas la première à dire cela. De nombreux journalistes sont arrêtés en Turquie, le nombre de procédures judiciaires contre eux est d'environ 2.000. Cela ressemble à une mauvaise blague. Et maintenant, tout cela se passe pour moi", a-t-elle fustigé.
"Il n'y a pas de presse libre en Turquie. La situation où je me trouve actuellement, où beaucoup de gens se trouvent en Turquie, le prouve".
Les procès pour injure envers M. Erdogan se sont multipliés depuis son élection à la tête de l'État en août 2014, signe, selon ses détracteurs, d'une dérive autoritaire. Près de 2.000 procédures judiciaires ont été lancées en Turquie, visant aussi bien des artistes et des journalistes que de simples particuliers.
En mars, les autorités turques ont pris le contrôle du Feza Media Group, propriétaire du journal d'opposition Zaman. La manifestation contre les persécutions des journalistes à Istanbul a été réprimée par la police, qui a fait usage de gaz lacrymogène.