A chaque nouvelle attaque du président turc Recep Tayyip Erdogan contre la liberté de la presse et les journalistes, sa lâcheté devient de plus en plus évidente, constate l'hebdomadaire allemand Stern.
"Recep Tayyip Erdogan est tiraillé par la peur, qu'il s'agisse de la peur des critiques à son encontre, de sa peur de perdre le pouvoir ou de sa peur de la vérité. D'où la lutte continue du président turc contre toute personne qui ose remettre en doute sa politique, voire ses qualités personnelles", constate l'édition.
Le procès intenté contre les académiciens ayant donné lecture d'un message appelant Ankara à "cesser le massacre" dans le sud-est du pays et à revenir à la table des négociations afin de trouver un règlement pacifique au problème kurde est sans doute devenu l'illustration la plus triste de ce désespoir avec lequel l'homme fort de la Turquie essaie d'intimider son propre peuple et d'en finir avec la liberté d'expression dans le pays.
Cet appel a provoqué la fureur d'Erdogan qui l'a interprété comme une insulte personnelle. Incapable de se défendre face à la critique des intellectuels, il a décidé de montrer qui était le plus fort et intenté une action en justice contre les savants, ceci, de peur que les autres citoyens de la Turquie aient le courage d'imiter les académiciens et de s'opposer à sa politique barbare qui n'a pas de justification, note l'auteur de l'article dans Stern.
Auparavant, la Cour d'Istanbul a arrêté trois intellectuels turcs qui avaient signé et lu, lors d'une conférence de presse, un message dans lequel 1.128 scientifiques turcs et étrangers avaient appelé Ankara à "cesser le massacre" dans le sud-est du pays et à revenir à la table des négociations en vue d'un règlement pacifique du problème kurde.
Les attaques du "néo-sultan" contre la liberté de la presse et sa réaction à la critique révoltent les journalistes allemands.
"Erdogan est sans doute un cas clinique, car celui qui attaque en justice deux milliers de personnes pour offense à sa personne présente tous les signes d'une maladie mentale", a notamment estimé un journaliste de télévision allemand Ulrich Kienzle, rapporte Die Welt.
Depuis décembre dernier, les autorités turques mènent des opérations antiterroristes dans plusieurs districts peuplés de Kurdes dans le sud-est de la Turquie. Selon l'état-major de l'armée turque, plus d'un millier de combattants kurdes ont été liquidés durant cette période, mais les représentants du Parti démocratique des peuples (HDP, pro-kurde) affirment que des centaines de civils ont été tués lors de ces opérations.