La capitulation de Merkel face à Erdogan coûtera cher à l'Europe

© AFP 2024 Sebastian Castaneda - DPA/Britta PedersenLe président turc Recep Tayyip Erdogan et Jan Böhmermann
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L'affaire Böhmermann a démontré à Erdogan qu'il n'y avait rien de plus malléable qu'un homme politique européen tâchant d'éviter un choix difficile. Il va sans dire que le président turc en profitera.

En cédant face au président de Turquie Recep Tayyip Erdogan, la chancelière allemande Angela Merkel s'est engagée sur la voie de la "capitulation morale", écrit l'observateur du Wall Street Journal (WSJ) Bret Stephens. 

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Il s'agit du feu vert donné par Mme Merkel aux poursuites pénales contre le satiriste Jan Böhmermann, auteur d'un sketch contre le président turc Recep Tayyip Erdogan. Dans ce domaine, la chancelière s'est pliée à la volonté de la Turquie malgré les critiques des sociaux-démocrates allemands (partenaires du parti de Merkel au sein de la coalition au pouvoir). 

Selon le WSJ, Mme Merkel avait toutes les raisons légales de mettre un terme à l'affaire, mais elle a sacrifié le satiriste afin de calmer Erdogan, garant du marché entre la Turquie et l'Union européenne. Un marché qui, selon les calculs de la chancelière, pourrait arrêter l'afflux de migrants en Europe. 

"Une légère dérogation aux principes débouche d'ordinaire sur des concessions plus graves. La justice pourrait disculper M. Böhmermann, mais Erdogan sait désormais qu'il n'y a rien de plus malléable qu'un homme (ou une femme) politique européen tâchant d'éviter un choix difficile. Aussi recherchera-t-il de nouveaux moyens d'imposer sa volonté et ses valeurs à une Europe conciliante", estime l'auteur du WSJ. 

Cela concerne au premier chef Angela Merkel, dont la décision est, de fait, une trahison des valeurs libérales qu'elle défend en paroles. 

Les sociaux-démocrates allemands et les socialistes français, notamment les chefs de file de ces derniers François Hollande et Manuel Valls, se sont opposés à la décision de la chancelière en déclarant qu'il fallait défendre la liberté d'expression et les autres valeurs fondamentales de l'Etat laïc. 

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Le présentateur de télévision et comédien Jan Böhmermann a lu le 31 mars dernier sur la chaîne publique allemande ZDF un poème satirique accusant le président turc de représailles contre les Kurdes et les chrétiens et de répression à l’égard des journaux d'opposition. Par ailleurs, le satiriste avait qualifié le numéro un turc de "pervers, pouilleux et zoophile". 

Recep Tayyip Erdogan n'a pas tardé à poursuivre Jan Böhmermann en justice. Le gouvernement allemand a cédé et a finalement autorisé des poursuites pénales contre le journaliste. M.Böhmermann est notamment accusé d'avoir violé l'article 103 du code pénal allemand ("Offense aux organes et représentants d'Etats étrangers") et risque trois ans de prison.


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