Chérie, j'ai rétréci les petits partis

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Les trois partis favoris à la présidentielle triomphent. Les autres se disent préoccupés, sinon choqués par le changement des règles pour le prochain scrutin présidentiel.

Le 5 avril, l'Assemblée nationale a adopté la proposition de loi très contestée surtout par les soi-disant petits candidats qu'elle cible dans un premier temps. Ce vote met fin aux débats menés depuis le mois de novembre.

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Que prévoit le texte adopté? Les bureaux fermeront désormais à 19 h, ce qui garantirait le respect de l'interdiction de publication des résultats de l'élection avant 20 h. Le changement concerne également le système de parrainage. Les élus devront les envoyer directement au Conseil constitutionnel et la liste des signataires sera rendue publique.

Bien que les nouvelles règles fassent le jeu des partis dits classiques, Paul Mumbach, fondateur du nouveau parti politique "Les Fédérés » et candidat à l'élection en 2017 souligne que les Français se rendent compte de l'échec du système politique tripartite.

« C'est une manœuvre du pouvoir pour garder le pouvoir. Moi je ne suis pas très impressionné. Aujourd'hui la population française a un rejet absolu de tout ce qui est politique identifiée c'est-à-dire les clivages traditionnels de gauche, de droite etc. Les Français n'en peuvent plus. Chez les élus c'est un peu la même chose. Nos élus, mes élus qui vont nous soutenir, c'est pour la plupart des petites et des moyennes communes et elles ne sont pas politisées. Après tout se retrouver sur une liste pour défendre un maire qui est sur la même préoccupation et qui n'a pas de parti politique ne posera pas de problème. Aux dernières élections partielles législatives il n'y a que 22 pour cent des lecteurs qui se sont présentés au vote. Les électeurs ne reconnaissent plus le pouvoir qui est en place ».

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Mais ce qui suscite la colère des petits candidats, c'est la discrimination quant au temps de parole dans les medias, qui sera pour eux réduit. L'égalité des temps de parole ne sera respectée que pendant deux semaines avant le premier tour et non pas cinq, comme cela était le cas auparavant. « On chercherait à tuer les petits partis », a déploré Alain Tourret du PRG (parti radical du gauche). Nicolas Dupont-Aignan était le 7e à l'issue de l'élection en 2012 avec 1,79 pour cent des voix, il s'est de nouveau présenté pour le prochain scrutin. Il a qualifié la réforme de honte et de crime contre la démocratie. « Ils ont peur du peuple et veulent interdire à des personnalités nouvelles de parler », a constaté le président du mouvement Debout la France sur twitter. Jacques Cheminade, président de « Solidarité&Progrès » qui a également annoncé sa candidature à la présidentielle, ne cache pas son indignation même s'il reste optimiste quant à son avenir.

« C'est une loi scélérate que les socialistes ont fait voter pour verrouiller le système et pour essayer de faire en sorte que François Hollande soit au second tour. La droite, elle, qui a prétendu être contre, s'est finalement courageusement abstenue… C'est une loi qui substitue au principe d'égalité pendant trois semaines le principe d'équité. Et elle ne cherche même pas l'équité parce que l'équité… c'est pour soutenir le faible, ce n'est pas pour favoriser le fort et celui qui est en place. Donc ils ont violé tous les principes de notre droit pour imposer ce système. Mais je crois qu'ils se sont tirés une balle dans le pied parce que tous les maires que j'ai rencontrés, tous les responsables que j'ai rencontrés, disent: +C'est quelque chose qui est intolérable et je suis d'autant plus porté à vous soutenir+, me disent beaucoup, +parce que vous êtes victime de cette injustice+… Enfin on oblige les maires à venir poster leur présentation par la poste. C'est très étonnant parce que la date qui sera prise en compte, ne sera pas la date du pli, ça sera l'arrivée au Conseil constitutionnel. Or, pour les impôts c'est la date de départ, donc ça risque de créer une confusion et les plis peuvent arriver en retard… On veut créer une situation où l'on continuera à entendre des gens dont on sait tout ».

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Evidemment, et les Socialistes et les Républicains ont tout intérêt à récupérer les voix de leurs « petits » concurrents. Le PS est le premier gagnant de la réforme étant donné que la gauche en son entier avait été bien représentée lors des deux élections précédentes. Certains de ses candidats comme Olivier Besancenot et Jean-Luc Mélenchon ayant fait de bon score. On pourrait également supposer, qu'en modifiant les règles de la présidentielle, les partis dits classiques cherchent à faire barrage au FN. Mais cela ne rend pas plus compréhensible cette approche pour les petits candidats. Paul Mumbach du mouvement « Les Fédérés » fustige une tendance antidémocratique qui se dessine de plus en plus nettement.

«C'est une disposition de la loi qui est antidémocratique, qui a été prise par très peu de députés. Elle va favoriser les grands candidats. Mais que veut dire les grands candidats? Parce qu'aujourd'hui nous avons un président de la République qui ne représente même pas 20 pour cent d'opinion favorable. Est-ce que Hollande est un grand candidat? On considère que les grands candidats auront possibilité de parler beaucoup plus que les autres. Très franchement, en démocratie on peut vraiment s'interroger sur cette définition d'équité. On n'est plus une démocratie telle qu'on l'entend et telle que la Constitution française l'avait prévue».

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Quoi qu'il puisse bien y avoir des raisons objectives pour la modification des règles de la présidentielle, cela ne rend pas les élections plus démocratiques. Mais d'autre part, la discrimination apparente des petits candidats pourrait théoriquement, au contraire, profiter à ceux dont les voix vont être désormais de moins en moins entendues.

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