Ce Lundi 4 Mars aura sonné comme un nouveau départ pour beau nombre de migrants arrivés en Grèce. L'île de Lesbos, qui jusqu'ici accueillait plus de 3000 migrants (sur les 50 000 présents sur le sol grec), a vu près de 120 d'entre eux emmenés (certains menottés) sur des navires reliant l'île grecque à la ville turque de Dikili.
« Les personne en situation irrégulière sur le territoire grec, et qui ne font pas une demande d'asile, seront réadmises en Turquie, en application d'un accord de réadmission entre la Grèce et la Turquie. (…) Il est évident que la Turquie utilise cette situation et cette crise humanitaire au bénéfice d'une négociation au terme de laquelle elle espère récolter un ensemble d'éléments positifs. »
M Nicolas Bay, député européen frontiste, nous partage son opinion à ce sujet:
«Il est clair que l'objectif de la Turquie est d'entrer dans l'Union Européenne et de profiter de ces vagues d'immigration et d'une coopération minimaliste avec l'union européenne. »
Ceci ne concerne cependant pas les demandeurs d'asiles, comme nous l'explique M. Pascouau:
« En ce qui concerne les demandeurs d'asile, la situation est plus compliquée, car ceux qui font leur demande en Grèce ne pourront être reconduits en Turquie que si l'on convient que la Turquie est un pays sûr, ou un pays de premier asile; or ces notions-là sont juridiquement encadrées et il faudra déterminer si la Turquie remplit, ou pas, les critères qui permettent de la considérer comme tel; aujourd'hui ce n'est pas le cas.
(…) Il n'est pas possible aujourd'hui de renvoyer des demandeurs d'asile de la Grèce vers la Turquie, et donc on ne renvoie qu'un certain nombre de personnes que l'on peut renvoyer, c'est-à-dire ceux dont les autorités grecques ont attestés qu'ils sont en situation irrégulière. »
En effet, Amnesty International avait pointé du doigt dans un article les expulsions faites par Ankara à l'encontre des réfugiés syriens sur son sol; le pays n'est pas considéré comme sûr, et la question de la protection juridique ressort de ces renvois.
Or, il faut rappeler que la plupart des migrants sont des immigrés économiques (selon M. Frans Timmermans, vice-président de la commission), venus d'Asie et d'Afrique. Entre temps, la Grèce a adopté une loi concernant l‘immigration ce 1er Avril.
Des forces de l'ordre venues des différents pays européens seront déployées dans le cadre de Frontex, afin d'appuyer leurs collègues grecs. Selon M. Pascouau, la Commission Européenne a estimé que 4000 personnes étaient nécessaires au dispositif opérationnel établi par les accords.
Qu'adviendra-t-il aux migrants non-demandeurs d'asile arrivés en Grèce avant le 20 Mars, soit 50 000 personnes?
« Ceux qui sont demandeurs d'asile verront leur demande examinée en Grèce, et ceux en situation irrégulière seront retournés dans leur pays d'origine en vertu des accords. »
D'où les Pakistanais, Bangladeshis et Africains renvoyés ce matin. La Turquie devra s'occuper de leurs dossiers et les transmette aux pays d'origine de ces personnes.
« C'est une opération de communication: il ne s'agit que de quelques centaines de personnes qui sont renvoyés à la Turquie, alors qu'il y a eu plus d'un million en 2015 qui sont arrivés par les frontières sud de l'Europe, et pour la majorité d'entre elles, qui n'avaient pas légitimement à pouvoir se prévaloir du droit d'asile. »
La Grèce se refermant, plus rien n'empêchera le flux de migrants de se ruer sur la route des Balkans.
L'Italie aussi risquera d'être concernée, sans compter le Maroc. En bref, une politique migratoire qui ne traite que de quelques gouttes, alors que toute une marée humaine est aux portes de l'Europe.
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