Ce lundi 4 avril marque le début des renvois des réfugiés et migrants clandestins arrivés en Grèce après le 20 mars en provenance de Turquie.
Toutefois, la Turquie n'envisage pas non plus d'entasser les migrants sur son sol et préfère rester une zone de transit.
"Tant que le flux de migrants illicites se poursuit, notre pays servira de zone de transit. Conformément aux accords passés avec l'UE, les réfugiés réguliers seront envoyés vers l'Europe, les migrants illicites seront reçus en Turquie pour être ultérieurement renvoyés vers leurs pays d'origine", a déclaré le 23 mars le ministre turc des Affaires étrangères, Mevlut Cavusoglu.
Actuellement, Ankara s'apprête à envoyer en Europe 25.000 réfugiés syriens. Au total, les pays de l'UE accueilleront 72.000 migrants officiels.
Union européenne
L'Onu a déjà qualifié la crise migratoire que le Vieux continent connaît depuis 2015 de plus importante depuis la Seconde Guerre mondiale. Selon les données fournies par l'agence Frontex, l'agence qui gère les frontières extérieures de l'Europe, 1,83 millions de réfugiés ont traversé de façon illicite les frontières de l'Europe.
En échange d'un meilleur contrôle et d'un accueil des réfugiés, l'UE versera 3 milliards d'euros à la Turquie afin d'améliorer les conditions de vie des 2,3 millions de réfugiés syriens qui se trouvent sur le territoire turc. En outre, il est prévu de réanimer le processus de l'adhésion de la Turquie à l'UE.
Grèce
Depuis longtemps, la Grèce sert de zone de transit aux réfugiés en route vers d'autres parties de l'UE. Toutefois, après le verrouillage fin février de la "Route des Balkans" par la fermeture des frontières des pays voisins, 20.000 réfugiés se sont retrouvés bloqués sur le territoire grec. Depuis, leur nombre n'a cessé de croitre et s'élevait, selon les données disponibles au 2 avril, à 52.509 personnes.
La Grèce, pays qui risque de se transformer en terminus pour des milliers de réfugiés, exige la réouverture des frontières de ses voisins.
Nations unies
Les Nations unies et les défenseurs des droits de l'homme n'ont pas tardé à critiquer l'accord passé entre Ankara et Bruxelles.
Le Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l'homme, Zeid Ra'ad Al Hussein, a indiqué que ce document pouvait être perçu comme une "expulsion collective".
"L'objectif affiché de renvoyer tous les réfugiés et les migrants (en Turquie, ndlr) va à l'encontre des affirmations selon lesquelles l'examen de chaque cas individuel doit être garanti. Si ces garanties sont sérieuses, alors l'examen de chaque cas individuel doit prendre en compte la possibilité que des migrants ne soient pas renvoyés. Dans le cas contraire, cela peut être qualifié d'expulsion collective", a-t-il indiqué.
Quant aux ONG de défense des droits de l'homme, elles y voient la violation de la Convention de l'Onu relative au statut des réfugiés (1951).