Les terroristes dynamitent, pillent et anéantissent tout ce qui constitue l'héritage culturel: les bibliothèques, les monuments, les musées. Qui plus est, pour semer la terreur et pour s'imposer, Daech organise des exécutions démonstratives dans ces lieux historiques, gommant les traces de la civilisation, les racines historiques et les savoirs sacrés.
Parallèlement, le marché noir de l'art voit affluer de nouvelles œuvres, œuvres dont les extrémistes ont pris possession.
Le marché noir de l'art
Des milliers d'artefacts traversent quotidiennement les frontières de Syrie pour se retrouver dans les collections privées en Europe, aux Etats-Unis et dans les pays du Golfe.
L'un des premiers actes de vandalisme commis par Daech a été enregistré en février 2015. Les extrémistes avaient alors attaqué le musée de Mossoul et détruit une partie des pièces d'une valeur inestimable. Sur la vidéo que ces vandales ont diffusée sur la Toile, on les voit détruire des œuvres d'art au marteau et à la perceuse. Or, il n'est pas exclu qu'ils aient vendu une partie des artefacts. Par ailleurs, les barbares ont fait sauter la bibliothèque centrale, détruisant environ 10.000 ouvrages anciens de philosophie, histoire et culture.
Suite à l'afflux d'artefacts syriens sur le marché noir, le Conseil international des musées a publié les Listes rouges des biens culturels syriens et irakiens en péril illustrant les catégories ou types d'objets culturels qui sont les plus susceptibles d'être achetés et vendus illégalement, dont des fresques, des mosaïques et des pièces de monnaies (d'ailleurs, tous ces objets partent comme des petits pains sur Ebay).
Destruction de sites historiques en Syrie
De nombreuses villes syriennes ont été pillées et endommagées par Daech: Ebla, où ont été mis à jour plusieurs milliers de tablettes cunéiformes, Apamée, connue pour sa Grande colonnade, Nimrud, cité sumérienne, Maaloula, ville dont le monastère abrite les reliques de Sainte Thècle…
#Rebuild #Syria #Apamée #Apameia #Archeologia #Antiquities Pour le bien de l'humanité pic.twitter.com/IrucG9aWvF
— Chic&Choc (@chicetchocparis) 19 mars 2016
La liste est impitoyablement longue, mais sans aucun doute Doura Europos mérite une mention particulière: cette ville située sur les rives de l'Euphrate a été détruite à 70%.
Dura Europos #Siria una fortaleza entre el Imperio Romano y el Parto https://t.co/9NURe7RigA pic.twitter.com/6ohIrFKUGs
— viatorimperi (@viatorimperi) 29 novembre 2015
En mai dernier, les extrémistes de Daech se sont emparés de Palmyre, l'un des plus grands musées de plein air du Proche-Orient. Amphithéâtres, arc de Triomphe, temples, colonnades, chambres funéraires — ces trésors de la cité antique absolument unique sont tombés entre les mains de l'Etat islamique.
Des milieux culturels et académiques n'ont pas tardé à qualifier cette invasion de "terrorisme culturel", d'attaque contre le grand art unissant l'humanité. Dans la nuit de samedi à dimanche, la ville a été reprise par l'armée syrienne et les milices populaires. Mais la liesse de la libération a cédé place à la désolation: sous le joug islamiste, la ville a perdu un nombre important de vestiges.
Mais les historiens et les archéologues ne se lassent pas: la restauration est possible, même si elle prendra des années. D'ailleurs, selon le vice-directeur du Musée de l'Orient de Moscou, Tigran Mkrtytchev un tel projet de longue haleine est susceptible d'unir pendant des années l'Occident et l'Orient.