Dans la matinée du mardi 22 mars, les États-Unis ont bombardé un camp d'entraînement d'Al-Qaïda dans la péninsule arabique (Aqpa), une région montagneuse du Yémen, faisant des "dizaines" de morts, selon le porte-parole du Pentagone Peter Cook.
Les deux frappes, qui ont fait plus de 200 morts dans ce que le Pentagone décrit comme des camps d'entraînement de terroristes, se distinguent des frappes des années précédentes, peu meurtrières, et si peu de détails ont été donnés que les observateurs supposent un changement dans la politique américaine, constate The Guardian.
D'après Peter Cook, plus de 70 combattants d'Aqpa se trouvaient dans ce camp d'entraînement. Pourtant, la localisation exacte de ce camp n'a pas été divulguée.
Une évaluation indépendante de l'impact réel de ces frappes, notamment les dommages causés et les victimes civiles, n'est pas encore disponible. Le Pentagone n'a pas fourni de détails supplémentaires sur l'endroit où le camp présumé était situé au Yémen.
"Les forces américaines évaluent encore le résultat de ce bombardement", a précisé le porte-parole, mais "notre premier bilan est que des dizaines de combattants d'Aqpa ont été retirés du champ de bataille".
"Cette frappe porte un coup à la capacité d'Aqpa d'utiliser le Yémen comme base pour des attaques contre les Américains et illustre notre engagement à vaincre Al-Qaïda et à le priver d'un refuge", affirme cependant Peter Cook.
Le Pentagone a fait état lundi 7 mars de 150 terroristes Shebab abattus en Somalie par des avions et des drones américains. Le scénario étant identique, The Intercept a souligné que rien ne prouvait véritablement l’affiliation de tous ces individus au groupe terroriste, car il n'y a aucun moyen de confirmer l'identité et encore moins l'affiliation de ces 150 personnes.
D'autant plus que, comme le rappelle The Intercept, cela ne serait pas la première fois que le Pentagone manque d'exactitude dans ses déclarations.
The Guardian remarque pour sa part que toutes les frappes aériennes antiterroristes au cours de la présidence de Barack Obama ont eu lieu sous un voile de secret officiel. Selon les analystes extérieurs, ces frappes tuent généralement moins d'une douzaine de combattants à la fois, soit sept en moyenne, ce qui est dû soit à la conception, soit à la faiblesse relative du missile Hellfire porté par des drones américains. Il est rare que le Pentagone annonce le ciblage des camps d'entraînement ou d'autres grands rassemblements.
Micah Zenko, analyste en matière de lutte antiterroriste au Conseil des relations étrangères qui observe les frappes, a fait remarquer à The Guardian que les deux frappes récentes en Somalie et au Yémen ressemblaient à des frappes massives aériennes durant une guerre plus qu'à des "assassinats ciblés", le terme préféré de la Maison Blanche pour désigner ses mesures létales de lutte contre le terrorisme.
"Les bombardements en Somalie et au Yémen attestent que la Maison Blanche a opéré un changement significatif dans l'ampleur de ses opérations, ciblant des groupes terroristes présumés plutôt que des individus qui constituent des menaces imminentes ", souligne l'analyste.
Selon un commentaire du Pentagone, la Maison Blanche a nié toute réorientation de sa politique.
"Cette frappe a été menée conformément à la politique de mesures directes de lutte contre le terrorisme annoncées par le président en mai 2013", a déclaré le porte-parole de Pentagone, Ben Sakrisson.