Consacré à la présidence de Barack Obama, le documentaire de la BBC est constitué de quatre épisodes, dont le premier — "Les 100 jours" — a été diffusé jeudi 17 mars, et incite une fois de plus à réfléchir sur l'impartialité et le financement de cette compagnie publique britannique, une référence dans l'audiovisuel.
Après la sortie du premier épisode de "Inside Obama’s White House", la presse s'est saisie de certaines fuites, selon lesquelles cette épopée cinématographique aurait été réalisée avec l'argent de l'Union européenne que la BBC a reçu dans le cadre du programme de soutien de la culture et de la promotion des médias.
Somme toute, il n'y a rien de criminel dans tout cela si on oublie évidemment que depuis 1992, la BBC fonctionne en tant que média public, ce qui suppose son indépendance financière, soit l'indépendance de sa politique de rédaction. Or, l'impartialité de la BBC, généreusement rémunérée par l'Union européenne, c'est-à-dire par les contribuables européens, intéresse déjà depuis longtemps l'opinion, constate un analyste de la chaîne de télévision RT.
En 2012, par exemple, le journal britannique The Telegraph a annoncé que la BBC avait touché trois millions de livres sterling sous forme de subventions européennes (3,79 millions d’euros). En 2015, un scandale a éclaté suite à une nouvelle tranche de plus de trois millions de dollars allouée par l'UE à la BBC (2,67 millions d’euros). La direction de la compagnie a dû le reconnaître, en affirmant toutefois que cet argent servait à financer les programmes de recherche et n'avait rien à voir avec le travail des journalistes.
C'est James Carver, membre du Parti pour l'indépendance du Royaume-Uni, qui est intervenu à l'époque en principal critique de la BBC, affirmant qu'il s'agissait en réalité de sommes dix fois plus importantes.
Même si cette somme paraît dérisoire par rapport au budget annuel de la BBC de 3,7 milliards de livres sterling (4,68 milliards d’euros), ce n'est pas non plus une somme négligeable.
Ce n'est sans doute pas un hasard si la sortie du documentaire glorifiant les exploits d'Obama à la présidence des Etats-Unis est diffusé juste avant sa visite prévue en avril prochain au Royaume-Uni. De toute évidence, le locataire de la Maison Blanche entend persuader les Britanniques de ne pas se retirer de l'Union européenne.
En réaction, une pétition publiée sur Internet sous le titre "Interdisez au président des Etats-Unis de s'exprimer devant notre parlement sur l'avenir de la Grande-Bretagne au sein de l'UE" a été signée par plus de 26.000 citoyens britanniques.
L'indignation a même gagné les parlementaires.
"A chaque fois que le président des Etats-Unis s'ingère dans notre avenir constitutionnel, je relis la déclaration d’indépendance américaine. (…) J’irai écouter le président américain quand les Etats-Unis reconnaîtront la cour internationale supérieure aux cours américains", a déclaré Steve Baker, étoile montante du Parti conservateur britannique.
Toujours est-il que le film "Inside Obama’s White House" n'est pas la première démonstration de la ferme position de la BBC alors qu’on attendrait d’une telle agence d’information un peu plus d’impartialité.
La BBC a récemment manifesté un exemple éclatant de journalisme "indépendant", en diffusant un "reportage sur les biens cachés du président russe Vladimir Poutine". Des oligarques russes et des criminels de droit commun en cavale, tels que le banquier Sergueï Pougatchev et l'homme d'affaires Sergueï Kolesnikov, en sont les principaux héros. Les journalistes de la BBC n'ont pas lésiné sur la couleur noire pour montrer le chef du Kremlin sous une lumière strictement négative, à la différence du locataire de la Maison Blanche, tout de blanc vêtu. Tout indique que ce prestigieux média britannique ne fait plus appel qu’à deux couleurs pour représenter la réalité…