L'agonie de la démocratie turque ?

© AP Photo / Murat Cetinmuhurdar, Presidential Press ServiceRecep Tayyip Erdogan
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Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, a appelé le parlement du pays à priver de l'immunité parlementaire les députés qui, selon lui, soutiennent le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), officiellement interdit dans le pays, et les organisations de Kurdes syriens.

La Turquie s'éloigne dangereusement de la démocratie, estime le président du conseil d'administration de l'institut de sondage Konda, Tarhan Erdem, dans un entretien à Sputnik.

"La Turquie est à un pas de la distanciation complète de la démocratie. Même aux moments les plus pénibles de l'histoire moderne, la situation n'a jamais été aussi tendue", déclare-t-il, commentant la récente initiative du président turc qui vise à priver de l'immunité parlementaire certains députés.

Selon M.Erdem, les déclarations de M.Erdogan, contenant des critiques du parlement et du système judiciaire, et ses tentatives pour s'ingérer dans le fonctionnement de ces structures sont inacceptables, surtout dans le contexte de crise que traverse le pays.

"Apparemment, le président se considère comme une force placée au-dessus du parlement. C'est un cas sans précédent dans l'histoire politique. Ses déclarations critiques au moment où la Turquie se trouve en pleine  crise ne font qu'augmenter l'instabilité et la polarisation au sein de la société", souligne-t-il.

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M.Erdem juge que d'importantes contradictions existent entre le président et le gouvernement turcs.

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"Les députés du parti au pouvoir et le président lui-même lancent des attaques contre des écrivains, des scientifiques et tous ceux qui ont le droit d'exprimer leur point de vue. Dans chaque intervention, on peut entendre des mots comme +traitre+, +ennemi+, +trahison+. Qui leur a légué le droit de faire ce genre de déclarations? Le fait que le parti au pouvoir ait remporté 52% des voix lors des élections signifie-t-il que les 48% restants doivent se taire? Comment un État moderne peut-il fonctionner dans de telles conditions? Le Parti de la justice et du développement (au pouvoir, ndlr) est responsable de la situation dans laquelle se trouve aujourd'hui la Turquie", s'insurge Tarhan Erdem.

Et de conclure que pour faire sortir le pays de la crise, les députés du parti au pouvoir et le gouvernement doivent remettre le président à sa place. "Dans le cas contraire, nous savons tous dans quel gouffre peut s'enfoncer notre pays".

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