L'annonce du retrait du gros des forces aérospatiales russes de Syrie a surpris non seulement l'Occident, mais aussi les Syriens. Cette décision ainsi que ses conséquences préoccupent aussi bien les experts militaires et les hommes politiques que les civils ordinaires. La première réaction fut l'anxiété. Mais la compréhension du fait que la tâche principale a été accomplie et que maintenant c'est aux Syriens eux-mêmes de poursuivre la lutte n'a pas tardé.
"J'espère que c'est une bonne nouvelle. Je pense que mes amis partagent mon point de vue: la peur c'est ce que nous avons tous ressenti au premier moment", avoue un major à la retraite.
Selon lui, au début il a eu l'impression que la Russie abandonnait la Syrie et que le cours de la guerre allait à nouveau changer vers le pire.
Garder espoir
Dans le quartier chrétien de la capitale syrienne, à deux pas du siège de la patriarchie, des jeunes femmes mènent une discussion animée. En apprenant que leur interlocuteur est Russe, elles ne tardent pas à lancer: "Vous nous avez abandonnés? Que se passera-t-il après? Notre vie venait de revenir à la normale!".
"La peur et la panique m'ont possédée au cours des premières minutes suivant l'annonce. Mais après avoir évalué la situation, j'ai réalisé que tout se déroule selon le plan préétabli. La Russie a dès le début annoncé que l'opération allait durer six mois environ. Puis, comme vous pouvez en juger, la situation est beaucoup plus calme. Je vais dans la région de Homs (centre du pays) même le soir tard sans avoir peur. Il faut faire confiance aux autorités syriennes et russes", dit Laura Al-Khaddour, la plus courageuse du groupe.
Malgré son jeune âge, cette présentatrice à la télévision syrienne sait ce qu'est la guerre. En 2012, les terroristes ont perpétré un massacre dans son village natal, près de Homs. 40 membres de sa famille, y compris son père, ont été assassinés.
Non loin de la patriarchie, des soldats s'ennuient à un point de contrôle. Un officier répond volontiers à nos questions.
"Notre armée a lutté pendant cinq ans. Certes, nous sommes fatigués, mais nos ennemis le sont aussi. Nous sommes prêts à poursuivre la lutte. Les Russes nous ont aidés, mais c'est notre guerre. Je suis sûr que si les Turcs ou les Saoudiens lancent une offensive contre nous, la Russie ne nous laissera pas seuls", dit un lieutenant.
"La Russie est venue en aide à un moment très dur pour la Syrie. Votre opération a approché la fin de la guerre. Mais j'aimerais bien que les avions russes continuent à voler dans le ciel syrien jusqu'à ce que le dernier terroriste trouve la mort", dit un marchand de souvenirs qui se joint à la discussion.
La guerre continue
"Après que la Russie a exposé toute sa force, des dizaines de groupes terroristes ont accepté la paix. Certes, car personne n'a envie de mourir. Mais maintenant la guerre s'est déplacée vers le nord du pays. A Alep et Idleb le Front al-Nosra, dans le nord-est Daech. Une ligne de front précise prend forme", dit le coiffeur.
"Grâce à l'aviation russe, beaucoup de combattants ont accepté la trêve. Que faire avec Daech et le Front al-Nosra? Mon village, au nord d'Alep, est toujours occupé par des terroristes. Je pense que votre aviation a sauvé la vie de milliers de soldats syriens. Sans votre soutien depuis les airs, leur tâche sera beaucoup plus complexe", juge le chauffeur de taxi Abou-Maher, avant d'ajouter en russe "Spasibo, Rossiya!" (Merci la Russie!).