La Russie a décidé de retirer une partie de son contingent militaire de Syrie après avoir atteint ses objectifs, a estimé le député de l'Aube Les Républicains (LR) Nicolas Dhuicq lors d'un entretien avec Sputnik.
"La Russie a atteint ses objectifs qui consistaient notamment à permettre à Assad de reprendre contact avec ce que nous appelons +la Syrie utile+, soit la partie de la Syrie la plus peuplée (…), à couper la filière de ravitaillement (des terroristes, ndlr) à travers la frontière avec la Turquie, particulièrement par rapport à Alep", a supposé M.Dhuicq.
Et d'ajouter que, sur le terrain, l’armée d’Assad était fatiguée, usée par cinq années de guerre et avait certainement besoin d’une pause que lui avait accordée l'opération russe.
"Au quartier Al-Jabbar à Damas, occupé par les islamistes, nous aurions eu une nouvelle bataille de Stalingrad (…), il fallait s’attaquer à ce quartier", a souligné le député.
Selon lui, la guerre n’est pas terminée, les islamistes étant des gens dangereux et déterminés avec lesquels toute négociation est impossible.
"Ce que je crains pour la Syrie, j’ai peur que ce pays ne soit coupé en morceaux", a-t-il dit, ajoutant que l’attitude des Américains pour qui il y avait des "bons" et des "mauvais islamistes" l'inquiétait énormément.
Evoquant l'opération des forces aérospatiales russes en Syrie, le journaliste et écrivain français Richard Labévière, expert des questions internationales et stratégiques, a déclaré à Sputnik que Moscou "gérait l’agenda de la crise syrienne avec beaucoup de pertinence".
"On le savait dès le départ, lorsque Vladimir Poutine a fait son discours à l’Assemblée générale des Nations unies le 28 septembre dernier. Il a proposé une coalition unique à l’ensemble des pays occidentaux qui l’ont refusée", a constaté M.Labévière.
Et de rappeler que suite à cela il y avait eu différents attentats notamment à Paris le 13 novembre.
"Le président Hollande a compris que c’était une bonne idée (une coalition unique, ndlr) et est allé voir Vladimir Poutine (…) Avant, il était toutefois passé par Washington où le président Obama lui avait rappelé que la France était un membre de l’Otan. (…) C’est à ce moment-là que François Hollande a parlé de coordination", a relevé l'expert.
Selon lui, il ne s’agissait pas pour la Russie d’intervenir militairement de manière durable au risque de provoquer un enlisement en Syrie, mais de mettre en place une opération efficace avec un point d’entrée et un point de sortie.
"Sur un plan strictement militaire, cette décision (du président russe Vladimir Poutine, ndlr) montre que la partie russe garde la maitrise de son agenda et de son engagement", a conclu le journaliste.
Le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov a déclaré en amont que la Russie n'avait pas décidé de retirer une partie de son contingent de Syrie "pour plaire à qui que ce soit", mais en fonction des intérêts du peuple syrien.
Le ministre a souligné que la décision de Vladimir Poutine concernant le retrait partiel du contingent militaire russe de Syrie constituait une "démarche contribuant à renforcer la confiance et à rendre le processus politique irréversible".
Et de rappeler que cette décision avait été adoptée le jour du début des négociations de Genève sous l'égide des Nations unies.