La déclaration d'Emine Erdoğan, épouse du président turc, selon laquelle le harem est une "très bonne école de la vie", a immédiatement déclenché une avalanche de critiques. Sur fond de scandale, les médias se sont empressés de qualifier Mme Erdoğan de "première dame du harem".
La déclaration de la première dame d'une république laïque, au moins du point de vue formel, a été interprétée par l'opinion publique comme une tentative de justifier le système des concubines, partie intégrante de l'esclavagisme de l'Empire ottoman.
Dans une interview accordée à Sputnik, l'historienne Ayşe Hür a commenté les propos d'Emine Erdoğan et rappelé que le harem était, en réalité, loin d'être un établissement scolaire.
Selon l'expert, bien que les informations concernant le fonctionnement des harems sous l'Empire ottoman, dont les historiens disposent à ce jour, soient assez limitées, il est possible d'affirmer que le harem n'était ni "établissement scolaire" pour les femmes qui l'habitaient, ni un foyer de perversité.
"Les déclarations faites par des personnes au pouvoir relèvent souvent du domaine de l'histoire, mais il arrive que celles-ci ne reflètent pas la réalité historique ou même la déforment. Par conséquent, nous, les historiens, sont contraints de les démentir", a observé Ayşe Hür.
"À mon avis, la vérité est quelque part au milieu. Le harem n'était ni école, ni foyer de perversité. Nous pouvons affirmer qu'aucune activité pédagogique spéciale n'était menée au harem. Sans doute, le niveau de formation des femmes était limité par la maitrise des règles de conduite en présence du sultan, celle d'instruments de musique, qu'il fallait jouer également en sa présence, et les connaissances concernant la façon d'élever les enfants. Certes, ce niveau de formation dépassait de loin celui du peuple appauvri par les impôts venant de régions éloignées de l'Empire ottoman, mais j'estime qu'il ne faut pas idéaliser le harem et oublier ses rapports avec le système esclavagiste", a-t-elle conclu.
