Vian Dakhil est la seule élue yézidie au parlement national irakien et elle n'arrête jamais d'attirer l'attention du public sur les massacres de ses coreligionnaires et fait tout ce qui est en son pouvoir pour les aider. Mme Dakhil est surtout préoccupée par le sort des femmes yézidies portées disparues, dont le nombre total s'élève à plus de 5.000. Ces femmes sont pour la plupart tristement obligées de devenir les épouses ou les esclaves sexuelles des terroristes de Daech.
"Sur les 5.840 femmes et enfants kidnappés, après les morts et les libérations contre rançon, 2.200 restent encore prisonniers", précise la députée yézidie qui s'emploie à racheter ces femmes et enfants à leurs ravisseurs.
"Je paye entre 4.000 et 6.000 dollars par personne, un peu moins pour les enfants", poursuit-elle, citée par la plateforme en ligne Rojbaş.
La femme se charge de toutes les tâches elle-même. Elle reçoit les appels à l'aide, les cris de détresse et les demandes de rançon sur son numéro personnel.
Le 3 août 2014, Daech s'est emparé de la ville de Sinjar et des localités avoisinantes, peuplées essentiellement de Yézidis, et la réaction de Vian Dakhil ne s'est pas fait attendre. Elle s'est levée avec un discours ardent appelant le reste du monde à sauver ses confrères Yézidis ou au moins à l'aider dans cette mission. Ainsi les Yézidis ont retrouvé leur égérie en sa personne.
"Il fallait absolument donner l'exemple et je ne pouvais rester les bras croisés au parlement en pleurant, pendant que mon peuple se faisait exterminer", explique-t-elle.
Autrefois, près de 650.000 Yézidis habitaient en Irak. Les actions de Daech, visant l'extermination de ceux qui ne professaient pas l'islam, ont conduit à la mort de milliers de Yézidis, alors qu'au moins 200.000 d'entre eux ont été forcés de quitter le pays. Les femmes capturées ont été obligées de se convertir à l'islam et de se marier avec des islamistes. En cas de refus, elles étaient violées et revendues.
Les extrémistes de Daech considèrent les Yézidis comme des infidèles. En effet, les Yézidis ne constituent pas un peuple mais plutôt une communauté religieuse. Ils pratiquent l'une des plus vieilles religions du monde, antérieure aux monothéismes. Les Yézidis seraient, à l'origine, des Kurdes ayant refusé de se convertir au zoroastrisme, religion répandue dans le Kurdistan au 6e siècle avant Jésus-Christ.