De l'extérieur, ce centre ressemble à une résidence pour personnes âgées tombée en désuétude, de l'intérieur à un club pour enfants bien animé, écrit le journal britannique Guardian. Situé dans un village éloigné de plusieurs centaines de kilomètres de Stuttgart, cet asile fait partie d'une dizaine d'autres abris ouverts depuis le printemps dernier dans le land de Bade-Wurtemberg. Dans le cadre d'un programme spécial, l'Allemagne envisage d'accueillir jusqu'à 2.500 femmes et enfants ayant vécu sous le joug de l'organisation terroriste Daech.
D'après des reporters britanniques, l'asile est placé sous surveillance accrue.
"Ces femmes et enfants ont été esclaves de Daech. Il s'agit de victimes et de témoins de crimes de guerre, pour cela nous les protégeons. Garder notre mission secrète est la meilleure façon de garantir leur sécurité", indique le médecin Michael Blume, directeur du programme.
Emmenés en Allemagne à bord de vols spéciaux en provenance de la ville irakienne d'Erbil, ils suivent ici des cours de langue. Ceux qui ont moins de 18 ans vont à l'école, où leur assiduité est contrôlée rigoureusement par les enseignants. Les femmes logées dans ces asiles reçoivent des allocations, dont le montant varie en fonction de l'âge et du nombre d'enfants. Elles font leurs courses, découvrent les alentours et s'adaptent progressivement à leur nouvelle ville en Allemagne.
"L'avenir des jeunes femmes sera meilleur que celui de celles plus âgées. Elles pourront s'intégrer facilement (au sein de la société d'accueil, ndlr) et bénéficieront de plus de libertés qu'elles n'auraient pu en avoir en Irak", considère Jan Kizilhan, psychologue en chef.
Le programme s'applique aux anciennes esclaves de Daech ayant besoin d'une aide médicale urgente est indispensable (complications gynécologiques, mutilations incurables, tentatives de suicide). D'après Mme Kizilhan, si leur état de santé physique est déjà satisfaisant, la plupart des femmes souffrent toujours d'un trouble posttraumatique grave.
"J'ai l'impression qu'avant de venir ici je n'étais rien, mais maintenant je suis très bien traitée", avoue Salma, 17 ans.
Originaire de la ville de Sinjar, dans le nord-ouest de l'Irak, elle est arrivée en Allemagne il y a six mois en compagnie de sa sœur de 15 ans et de sa tante.
"Ici, j'ai dû suivre beaucoup de traitements médicaux et je bénéficie de conseils et du support social. J'ai tout ce qu'il me faut", dit-elle.
La famille de Salma est restée dans le camp de Zahko, dans le Kurdistan irakien, mais la jeune femme est déterminée à les faire venir en Allemagne, car elle-même ne retournera plus jamais ni en Irak, ni "dans n'importe quel autre pays musulman".
Les extrémistes de Daech considèrent les Yézidis comme des infidèles. En effet, les Yézidis ne constituent pas un peuple mais plutôt une communauté religieuse. Ils pratiquent l'une des plus vieilles religions du monde, antérieure aux monothéismes. Les Yézidis seraient, à l'origine, des Kurdes ayant refusé de se convertir au zoroastrisme, religion répandue dans le Kurdistan au 6e siècle avant Jésus-Christ.