C'est au moins ce que demande le ministre de la défense Jean Yves le Drian, en personne. Un mois après l'arrestation de l'ancien commandant de la Légion étrangère Piquemal, l'armée de Terre est saisie pour qu'un conseil de discipline exceptionnel exclue le gradé de la deuxième section (statut des officiers généraux qui ne sont plus en activité, mais toujours à la disposition de l'armée) et le mette à la retraite. Pour le député Gilbert Collard, le général quatre étoiles n'a pas mérité une telle attitude:
Le 6 février quelque 150 personnes étaient réunies dans le centre-ville de Calais malgré l'interdiction préfectorale. Ils étaient venus pour protester contre la politique incompréhensible et incohérente du gouvernement qui déprime les habitants de Calais et ne contribue pas à l'amélioration de la situation des migrants. C'était un rassemblement hétéroclite comprenant des Calaisiens mais aussi les représentants du mouvement européen Pegida connu pour ses slogans anti-islam et dénonçant l'islamisation de l'Europe. La dispersion des participants par les forces de l'ordre a débouché sur une vingtaine d'interpellations. Christian Piquemal en tant qu'un des organisateurs a été également arrêté mais ce n'est pas cela qu'il regrette. On a beaucoup dit dans les médias sur l'appartenance politique du général: on le présente comme un frontiste, quelqu'un de l'extrême droite, ultranationaliste ou même comme le membre de Pegida. Mais lui il se veut patriote et ne regrette qu'une chose — de «combattre » aux côtés de Pegida. C'est ce que M. Piquemal a affirmé dans une interview à Europe 1.
Christian Piquemal doit être jugé le 12 mai prochain. En raison de l'état de santé de l'ex-patron de la Légion étrangère le procès a été reporté. Entre temps les pétitions en soutien du général Piquemal se multiplient sur le net. Il y en a une intitulée « Libérez le général Piquemal! » qui a été déjà signée par plus de 15000 personnes. Lancée le 6 février, elle sera close en mai.
Les généraux français, eux aussi, expriment d'une manière ou d'une autre leur solidarité avec Christian Piquemal bien qu'il soit sorti dans la rue, à titre personnel. Le président de l'ASAF (Association de soutien à l'armée française) Henri Pinard-Legry souligne dans le communiqué de son association que les incidents qui s'étaient déroulés à Calais n'impliquaient ni les armées, ni la Légion étrangère, ni l'ASAF. Il a pourtant fait remarquer que « la démarche du Général Piquemal devrait cependant constituer pour l'ensemble de la classe politique un signal d'alerte sur l'état d'exaspération d'une partie de l'opinion publique ». Le député Gilbert Collard qui suit de près l'affaire explique cet élan de solidarité autour du général Piquemal.
« L'affaire est le symbole d'un pouvoir qui choisit ses victimes. D'un côté, on laisse un enseignant qui est pédophile continuer à enseigner sans le sanctionner, sans le mettre à la retraite d'office. Et de l'autre, on suspend un général parce qu'il a exprimé son opinion. Voilà les deux poids deux mesures… Les Français en ont marre et ils apprécient l'homme qui dit tout haut ce que tout le monde pense tout bas et n'osent pas dire tout haut parce qu'ici on réprime. Et on vient de voter une loi qui donne tous les pouvoirs au procureur de la République qui est un agent de l'Etat. On a un procureur d'Etat. Et on se permet de donner des leçons ».
L'affaire semble avoir dépassé dès le début le cadre local pour devenir un procès national. Mais qu'en diront finalement les Français et seront-ils écoutés?
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