Le billet de 100 dollars pourrait connaître le même sort.
Il y a deux ans, les douaniers de l'aéroport de Heathrow (Londres) ont arrêté un contrebandier transportant 20 000 euros dans ses sous-vêtements — soit seulement 40 billets de 500 euros. Il se rendait en Turquie pour rencontrer un membre de Daech. En 2015, une femme est arrivée en Colombie avec 64 capsules de latex dans l'estomac, contenant chacune cinq billets de 100 dollars.
Il est en effet très pratique de transporter des grosses coupures: 1 million d'euros ne pèse que 2 kg en billets de 500 euros et entre facilement dans un sac à main. 1 million de dollars en billets de 100 dollars pèse 10 kg et nécessite seulement une petite valise.
Le financement du terrorisme n'est pas le principal secteur où les plus grosses coupures sont écoulées. Selon le Groupe d'action financière (GAFI), le transport illégal de liquidités est associé à 30% au trafic de drogue, à 25% à la fraude fiscale et 10% à la corruption. La préparation des attentats représente, en proportion, moins de 10%.
Les terroristes et les trafiquants ne seraient pas les seuls à pleurer le billet de 500 euros s'il était retiré de la circulation: dans un contexte général d'instabilité des devises, la plupart des pays émergents l'utilisent avec le billet de 100 dollars pour épargner. Cela explique pourquoi les coupures de 100 dollars représentent 78% de toutes les émissions monétaires aux USA (plus de 1 000 milliards), alors que les Américains paient en général par carte bancaire. Selon les sondages de Harvard, seulement 5,2% des Américains ont des billets de 100 dollars dans leur portefeuille, et 56% des habitants de la zone euro n'ont jamais tenu un billet de 500 dans leurs mains. Les statistiques de la Bundesbank sont encore plus révélatrices: 70% des billets de 500 euros émis entre 2002 et 2009 en Allemagne ont quitté le pays — dont la moitié a fini en Russie. L'Autriche, elle, approvisionne les Balkans.