La saison comptable pour le dernier trimestre 2015 se termine aux USA et les nouvelles sont plutôt mauvaises: vendredi 19 février, Walmart annonçait une baisse de ses recettes trimestrielles de 1,5%, et de presque 8% du revenu net. Surtout, il s'agit du premier fléchissement des résultats annuels de la compagnie depuis 1980 (une baisse de 0,7%, soit 482,1 milliards de dollars gagnés en 2015).
Hormis la concurrence accrue avec les leaders du commerce en ligne, ce ralentissement est dû au renforcement du dollar et à la détérioration de la situation économique sur les principaux marchés émergents, y compris en Chine et au Brésil. Au final, les recettes du segment international de Walmart au quatrième trimestre ont baissé de 9,7%, pour atteindre 32,7 milliards de dollars.
Mais la société de recherche Gartner a également publié un rapport le 18 février, qui note qu'au quatrième trimestre 2015 les ventes d'iPhones se sont réduites pour la première fois de l'histoire (-4,4% par rapport à octobre-décembre 2014).
Ce constat est d'autant plus notable que les ventes de smartphones ont augmenté de 9,7% sur la même période dans le monde (bien qu'il s'agisse de la plus faible croissance depuis 2008). Le directeur des recherches de Gartner, Anshul Gupta, indique que le dollar fort a été un facteur négatif pour Apple.
Pour l'économie américaine, la fin de l'année 2015 n'a pas été radieuse. Selon la première estimation, le PIB américain n'aurait affiché une croissance que de 0,8%.
Le dollar a pris de la valeur en 2015 alors que tout le monde attendait l'augmentation du taux directeur de la Réserve fédérale des USA (Fed). En fin de compte la Fed ne l'a augmenté qu'en décembre (de 0-0,25 à 0,25-0,5%). Au contraire, les monnaies régionales comme le rouble, le rial brésilien ou la livre turque ont subi des dévaluations tout au long de l'année. En raison de la baisse des prix des matières premières et du ralentissement de la croissance en Chine, l'économie mondiale a affiché l'an dernier la pire croissance depuis la crise de 2008-2009.
Deux prévisions mises à jour ont été publiées entre le 16 et le 19 février. En particulier, l'agence de notation Moody's a abaissé le pronostic de croissance du PIB du G20 pour 2016 de 2,8 à 2,6%, et pour 2017 de 3 à 2,9%.
"Nous nous attendons à une croissance très lente de l'économie mondiale en 2016-2017. Les conséquences négatives de l'adaptation des producteurs de matières premières aux prix constamment en baisse, la croissance significative des importations chinoises et le durcissement des conditions de financement dans certains pays émergents prévalent sur les facteurs positifs comme la politique monétaire et créancière de stimulation en Europe, au Japon et aux USA", a déclaré la vice-présidence de Moody's Marie Diron.
"On s'attend à ce que la croissance mondiale stagne globalement. Les dernières données macroéconomiques étaient décevantes et les indices témoignent d'un ralentissement des plus grandes économies malgré les faibles cours pétroliers et les taux d'intérêt bas", souligne Catherine Mann, chef économiste de l'OCDE.
Les optimistes comme la Bank of America prédisent deux cycles d'augmentation, en juin et en décembre, de 0,25% à chaque fois. D'autres s'attendent dans le meilleur des cas à une seule augmentation vers la fin de l'année.
Le mercredi 17 février, les protocoles de la dernière réunion du Comité fédéral d'open market (FOMC) de la Fed ont été publiés, qui soulignent que l'institution pourrait reporter l'augmentation de son taux directeur à cause du ralentissement de l'économie chinoise, de la volatilité des marchés financiers mondiaux et de l'incertitude dans l'économie des USA.
Toutefois, au regard des turbulences accrues dans le monde, même ce report de l'augmentation des taux ne changera certainement rien au renforcement du dollar. La prise de risque reste minimale et les investisseurs continuent de retirer leur argent des marchés émergents pour l'investir dans les actifs en dollar, moins risqués.
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