L'opération militaire que l’Arabie saoudite entend mener en Syrie, de toute évidence, avec le soutien des Etats-Unis, ne ferait qu'aggraver le conflit, écrit l'ancien diplomate iranien et professeur invité à l'Université de Princeton Seyed Hossein Mousavian, dans un article pour Al-Monitor.
"Les Etats-Unis, qui ont soutenu les révolutions en Tunisie et en Egypte et ont même flirté par les Frères musulmans, se trompent en estimant possible une réédition du scénario égyptien en Syrie", prévient l'analyste.
Et de constater que Washington et Riyad ne tiraient pas les leçons de leurs erreurs passées.
L'Arabie saoudite, le Qatar et la Turquie se sont empressés de trahir leur ami syrien dès qu'ils ont jugé possible une prise du pouvoir par les salafistes et les Frères musulmans, ce qui a également été une erreur, selon M.Mousavian.
De son côté, l'administration de Barack Obama, qui pensait qu’un renversement du gouvernement syrien était réalisable et entendait épauler ses trois alliés, s’est perdue dans cinq années d’une politique incohérente qui a finalement rendu impossible le départ du président syrien Bachar el-Assad.
Par ailleurs, l'expert signale une autre "gaffe" de Washington qui a notamment délégué le mandat de mise en application de l'accord "Genève-1" à ses mêmes alliés, la Turquie, le Qatar et l'Arabie saoudite qui, au lieu de déployer les efforts diplomatiques appropriés, se sont mis à soutenir financièrement et militairement l'opposition syrienne.
Bachar el-Assad a riposté en mobilisant toute sa puissance militaire, ce qui a réduit à néant les chances de réconciliation.
Comme l'opposition syrienne n'avait pas de leaders dignes de confiance, le soutien extérieur a ouvert la voie à des forces extrémistes. Aussi, l'armée syrienne a-t-elle dû elle aussi faire appel à une assistance étrangère. Le conflit s'est exacerbé, les destructions massives et les affrontements avec les terroristes ont provoqué l'exode des Syriens.
Seyed Hossein Mousavian en conclut que l'opération de l'Arabie saoudite, appuyée par Washington, ne ferait que conforter les positions du groupe djihadiste Etat islamique (EI, Daech), ce qui est lourd de conséquences désastreuses.