Le sénat américain a voté à l'unanimité le renforcement des sanctions à l'encontre de la Corée du Nord après le lancement, Dimanche 07 Février, d'une fusée à trois étages Kwangmyongsong, depuis le pas de tirs historique de Sohae à Tongchang-ri, dans le Nord-Ouest du pays. Un lancement annoncé depuis plusieurs semaines par Pyongyang.
Les nouvelles sanctions américaines doivent empêcher les autorités nord-coréennes d'avoir accès à toute source de financement susceptibles d'être employée aussi bien pour le développement de son programme nucléaire, que pour celui de tout « vecteur » qui permettrait à Pyongyang de délivrer une frappe. Des mesures de rétorsions qui viennent s'ajouter à celles décrétées le mois dernier, suite au quatrième essai nucléaire nord-coréen. Des sanctions auxquelles vont se joindre le Japon, pilier de l'OTAN dans la région, ainsi que la Corée du Sud.
Séoul a pris la décision « inévitable » de fermer le complexe industriel intercoréen de Kaesong, située en Corée du Nord à 10 kilomètres de la frontière avec le Sud: les autorités sud-coréennes accusant Pyongyang d'avoir eu recours aux centaines de millions de dollars qui y ont transité pour financer son programme nucléaire. Une mesure jugée « injuste » par les représentants des chefs d'entreprises du Sud, dont le président Jeong Gi-Seob a déclaré « c'est comme si on nous ordonnait de sauter d'une falaise ».
Pour Cyrille Bret, maitre de conférences à Science-Po Paris, il s'agit avant tout d'une mesure symbolique qui ne met fin qu'à la source officielle de devises:
« Il faut quand même garder à l'esprit qu'il y'a d'autres sources de devises qui sont officieuses et illégales et notamment un énorme trafic transfrontalier avec la Chine, qui gêne profondément les pouvoirs publics chinois, notamment les trafics d'armes et de narcotiques qui sont aussi une source avec laquelle se finance la Corée du Nord, donc c'est surtout d'un point de vue symbolique, comme ça avait été le cas il y'a deux ans, c'est le signe que les relations sont tendues, au point que l'idée même que la diplomatie du rayon de soleil soit enterrée ».
Comme le rappelle notre expert, les autorités nord-coréennes disposent toujours de sources de financement internes, et rien ne les empêche de « prélever le nécessaire » sur la population.
Pour notre expert, pas de doute possible sur les intentions réelles des américains, la règle démise étant que le pays visé n'étant pas celui qui est désigné:
« C'est coup double pour les Etats-Unis, puisque ça leur permet à la fois de montrer leurs muscles à la Corée du Nord et de faire valoir leur position hostile à la prolifération sur le traité de 68 et ça leur permet évidemment d'enfoncer un clou supplémentaire dans la zone d'influence de la République Populaire de Chine. Il est à noter d'ailleurs que cette stratégie des boucliers anti-missiles est un grand classique de la diplomatie américaine puisqu'elle a été constamment utilisée pour agacer, pour défier la Russie durant les années 2000 à la faveur de la lutte contre la prolifération en Iran ».
Car si Pékin appelle au calme face à la surenchère diplomatique et fait part de ses « regrets », la Chine demeure régulièrement pointée du doigt dans les médias occidentaux pour son soutien supposé « inconditionnel » à Pyongyang. Une Chine coupable de ne pas recourir aux leviers de pression dont elle dispose sur son voisin, favorisant les contacts diplomatiques quitte à avaler des couleuvres.
« Le premier résultat obtenu par les coréens du nord aujourd'hui, c'est d'instiller une défiance plus grande encore entre la Chine et les Etats-Unis. Les deux essais: l'essai sur le vecteur et l'essai sur le satellite, permettent à Pyongyang d'obliger Pékin à prendre partie contre les Etats-Unis pour la Corée du Nord. Il faut bien voir que la Chine n'est pas alignée sur les positions de la Corée du Nord, et toute la rhétorique qui pousserait à faire croire que les chinois soutiennent inconditionnellement est fausse puisse que le pays qui est le plus gêné par ces essais c'est bien la Chine qui apparait bien incapable de maitriser son satellite ».
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