Cette rencontre a pour but, selon M. Michel, de faire remonter le niveau de sécurité des habitants de chaque côté de la frontière, ainsi que d'unir les populations dans des valeurs communes afin de faire bloc face au terrorisme.
Si la "filière de Molenbeek" est mise à l'index en ce qui concerne la base des terroristes, l'un d'eux est toujours en cavale.
La rencontre des deux chefs de gouvernement a permis de mettre en place une meilleure coopération entre les deux pays dans la lutte contre le terrorisme. La France mettra en place un « magistrat de liaison » dans son ambassade. Enfin, une accélération de la mise en place du PNR (Passenger Name Record, ou base de données des noms de passagers) en Europe a été décidée, alors qu'elle a été longuement débattue au sein du Parlement européen.
« Cette rencontre était prévue de longue date, et avait pour but de renforcer les liens entre les pays dans le domaine de l'antiterrorisme; il y avait des problèmes de rapidité de transmission de renseignements entre les services, ce qui avait nui à l'efficacité du contre-terrorisme; mais cette rencontre a aplani les difficultés; cette rencontre en fait apporte des améliorations sur des points de détails. »
« Malheureusement c'est en forgeant qu'on devient forgeron: c'est après les attentats terroristes qu'on s'est rendu compte qu'il fallait apporter des améliorations dans la rapidité de l'échange de l'information; or dans l'urgence, il faut pouvoir agir directement sur le terrain; par exemple: concernant les trois fugitifs allant en Belgique, leur signalement n'a pas été suffisamment rapidement diffusé, ce qui leur a permis de passer. C'est les procédures d'échanges qui ne répondaient pas à la menace actuelle; elles ne répondaient qu'à une logique de surveillance de quelques individus, et étaient plus lentes. Ce style de dysfonctionnement disparaîtra donc. »
« Par le fait-même qu'on circulait librement à l'intérieur de l'Espace Schengen, cela posait un problème de sécurité (…); cela représente une faiblesse, dans la mesure où la frontière extérieure de l'Espace Schengen devrait être extrêmement contrôlée, mais à l'heure actuelle, ce n'est pas le cas. »
Au-delà des frontières intra-européennes, peut-on s'imaginer une coopération pareille avec des pays extra-communautaires? En effet, DAECH et Al-Qaeda ont leurs bases hors de l'Espace Schengen. Si l'on veut combattre le mal, pourquoi ne pas le prendre à sa racine?
« La coopération dans le domaine antiterroriste a toujours existé avec les pays d'Afrique et du Maghreb, car nous avons des ennemis en commun; c'est une coopération qui devrait être renforcée surtout dans la rapidité de la circulation de l'information, car les terroristes agissent vite, et même si nous ne pourrons pas toujours les rattraper, l'urgence de la situation nous oblige à être toujours à leurs trousses, afin de les coincer à un moment ou à un autre. »
Doit-on voir la Belgique comme le ventre mou de l'Europe en matière de sécurité? En effet, le pays héberge les sièges de l'OTAN et de l'UE, les deux institutions les plus importantes d'Europe. Or, les auteurs des pires attentats perpétrés en Europe viennent de filières djihadistes de Belgique.
«Cette affaire n'a jamais été élucidée; on a dit que c'était lié à l'extrême-droite (note: réseaux intereuropéens comme « Gladio » ou le groupe « Hoffmann »), ou à l'extrême-gauche (note: groupes d'Allemagne de l'Est), ou au crime organisé. (…) La Belgique est un carrefour obligatoire et prioritaire en Europe pour les terroristes et le crime organisé, mais ce n'est pas plus un foyer du terrorisme que certaines banlieues des grandes villes françaises. »
Quelles sont les résultats de cette réunion et est-elle vraiment nécessaire? S'agit-il surtout d'une opération marketing de la part des gouvernements? En effet, Valls est redescendu à son niveau de popularité pré-attentats, et Michel lui aussi tient à soigner son image. La stratégie antiterroriste est-elle une stratégie de communication?
« C'est évident qu'il faut donner des signes politiques forts pour permettre à la population de savoir que les gouvernements sont actifs sur des sujets prioritaires. (…) Cette rencontre a donc été très symbolique ».
Pendant ce temps, Alain Juppé, candidat aux primaires des Républicains, s'est rendu en Algérie, afin de montrer qu'il dispose d'une politique étrangère, d'une clientèle électorale (avec les expatriés algériens résidant en France) et d'un réseau de soutien, mais aussi d'exportation d'hydrocarbures (l'Algérie est membre de l'OPEP), et de lutte antiterrorisme.
En conclusion, la politique a toujours été un nid de guêpes. Mais dans l'urgence, le bien commun prend le pas sur les idéologies et sur les intérêts personnels; Mme Taubira l'a appris à ses dépens. Si c'est dans l'adversité qu'on voit les vrais amis, c'est dans la tranchée que l'on voit les vrais meneurs.
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