La Suède et la Grèce, par exemple, sont déjà confrontées à ce problème: la Suède a l'intention d'expulser 80.000 migrants arrivés en 2015 et dont la demande d'asile a été ou sera rejetée. Les retours, effectués en charters, pourraient prendre des années, selon le premier ministre. La Grèce, de son côté, peine à renvoyer les migrants économiques vers le Pakistan ou le Maroc: les pays d'origine ne se montrant pas toujours coopératifs.
Miguel Puente, porte-parole de la Commission Européenne en France, pointe les difficultés:
"En ce moment de crise migratoire, il faut travailler sur deux axes. C'est-à-dire l'axe de l'asile, d'accepter les réfugiés et les redistribuer au sein de l'Union européenne mais aussi travailler sur l'axe du retour. Et là, franchement, c'est vrai que l'on n'a pas eu beaucoup de succès dans le sens où l'on n'a pas conclu d'accord de réadmission avec plusieurs pays, par exemple le Pakistan ou le Maroc. Ces accords sont en train d'être négociés et malgré ces chiffres que vous mentionnez, en réalité, il faudrait renvoyer beaucoup plus de migrants irréguliers dans leur pays d'origine. Et en ce moment, les procédures bureaucratiques et le manque d'accord de réadmission avec certains pays d'origine empêche ce retour."
"Il y a toute une série d'instruments financiers, d'aides pour la Grèce, pour essayer de reconstruire la meilleure gestion de la frontière, l'agence Frontex est en train de déployer beaucoup de moyens en Grèce. On a mis en place des « hot spots », c'est-à-dire des centres de triage de réfugiés sur les îles de la mer Égée et là des agents européens coopèrent et aident au maximum les autorités grecques. Elles aussi nous ont demandés de l'aide, mais c'est une situation difficile."
Jean-François Quantin du Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples (MRAP) est plus circonspect sur la volonté et l'efficacité des déclarations de la Commission:
"Il y a déjà les pays qui sont clairement en guerre, vers lesquels on ne peut pas vraiment renvoyer, qui sont l'Erythrée, la Syrie, le Soudan et d'où viennent la majorité des demandeurs d'asile. Là, on sait qu'ils sont en guerre et qu'on ne peut pas y renvoyer des êtres humains: ce serait commettre un crime. Pour les autres, il faut des procédures comme celles de l'Ofpra en France, qui mettent des mois à instruire les dossiers, à rencontrer les personnes, pour établir si elles sont réellement en danger dans leur pays. Donc à la va vite déclarer en quelques heures ou quelques jours que c'est un migrant économique ou un réfugié, c'est totalement illusoire."
Chaque jour 2.000 à 3.000 migrants arrivent en Europe. L'Organisation internationale pour les migrations (OIM) estime que 45 361 migrants sont arrivés en Grèce par la mer entre le 1er et le 26 janvier, soit 31 fois plus que pour tout le mois de janvier 2015. Le prochain Conseil européen doit faire le point sur la mise en œuvre des décisions qu'il a prises pour faire face à la crise des migrants et des réfugiés: nous verrons si elles sont adaptées aux réalité du terrain.
Les opinions exprimées dans ce contenu n'engagent que la responsabilité de l'auteur.