La Commission européenne n'exclut pas la suspension de l’espace Schengen pour deux ans, en estimant que près des deux tiers des migrants arrivés en Europe en décembre ne devraient pas obtenir le droit d'asile.
"Nous savons que les flux migratoires ne se tariront pas de sitôt et (…) si la situation ne s'améliore pas, cela pourrait donc justifier le maintien de contrôles internes aussi longtemps que les frontières externes ne seront pas sécurisées, pour des raisons d'ordre public et de sécurité", a déclaré la porte-parole de la commission Natasha Bertaud, en commentant la réintroduction des contrôles aux frontières par certains pays au sein de l'espace Schengen.
En effet, la Suède, le Danemark, l'Allemagne, l'Autriche et le France ont instauré des contrôles aux frontières pour une durée de six mois. La Norvège, membre de Schengen, mais pas de l'UE, a pris des dispositions similaires. La Pologne pourrait très bientôt lui emboîter le pas.
L'article 26 du Traité de Schengen stipule qu'en cas de crise, une telle mesure peut être appliquée pour une durée de deux ans, et la Commission européenne devra sans doute prendre une décision à ce sujet d'ici le mois de mai.
Selon le vice-président de la Commission, Frans Timmermans, l'UE a besoin d'une "politique de retour efficace et harmonisée".
Et d'expliquer que la sympathie des citoyens à l'égard des demandeurs d'asile serait affaiblie si les personnes qui n'ont pas droit à une protection internationale sont également autorisées à rester en Europe.
Aussi, la Commission est-elle bien décidée à faire ce qu'il faut pour assurer "une différenciation claire entre ceux qui doivent être protégés conformément au droit international et les migrants économiques, qui se servent de la situation pour entrer en Europe et doivent être renvoyés vers leur pays d'origine".
Les observateurs constatent toutefois que le système pensé par l'UE, qui inclut notamment des "hotspots" pour l'enregistrement des demandes d'asile, les centres de relocalisation pour les réfugiés et la réinstallation, ne fonctionne pas.
Le commissaire européen à la Migration, Dimitris Avramopoulos, a souligné à l'issue d'une réunion des ministres de l'Intérieur de l'UE à Amsterdam lundi, que les Etats membres devaient accepter la responsabilité partielle de ces échecs, notamment en ce qui concerne la relocalisation des migrants.
"Je vais être très franc, cette année n'a pas bien commencé. Je ne suis pas optimiste, mais je ne suis pas défaitiste, et la Commission non plus", a déclaré M.Avramopoulos.
Quoi qu'il en soit, tel n'est pas l'avis général.
"J'ai l'impression que l'UE est en train de commettre un suicide rituel et nous fermons les yeux", a notamment répliqué le premier ministre slovaque, Robert Fico.
Par ailleurs, le parlement danois a approuvé une loi stipulant que les migrants possédant des biens de valeur devront s'en défaire afin de compenser le coût de leur prise en charge. Le Danemark n'est pas le seul à priver les réfugiés de leurs biens. La Suisse a également commencé à confisquer les objets dont la valeur est supérieure à 1.000 francs suisses (environ 900 euros), l'Etat allemand du Bade-Württemberg fait de même pour les objets valant plus de 350 euros.
Submergée par un afflux de migrants toujours plus impressionnant, l'UE courtise la Turquie par des promesses d'argent, d'exemption de visa et de nouveaux chapitres dans les négociations d'adhésion pour qu'Ankara essaye de juguler l'afflux de réfugiés sur son territoire.
En novembre, Ankara a conclu un accord avec l'UE, promettant de réduire le flot de réfugiés en échange d'une aide de 3 milliards d'euros pour gérer la crise de l'immigration, mais malgré l'hiver, des bateaux arrivent tous les jours sur les îles grecques.
En l'absence de solutions, les réfugiés, malgré les politiques de fermeture, continuent d'affluer à un rythme élevé sur le sol européen. Certains meurent, d'autres parviennent, frigorifiés, à se frayer un chemin à travers cette Europe désormais hostile.