L'affaire a fait le tour du web. Mr David Cameron, Premier Ministre britannique, avait déclaré: « apprendre la langue anglaise aiderait les femmes musulmanes à sortir de leur soumission ». En effet, Jeudi 26 Janvier, le gouvernement britannique avait décidé d'imposer des tests de langue aux migrants. Un programme de 26 Millions d'Euro. Une semaine auparavant, Cameron avait estimé que les « femmes musulmanes devaient connaître la langue anglaise, ou faire face à l'expulsion du pays », car, selon lui, «des lacunes dans la langue anglaise rendent les femmes musulmanes vulnérables aux messages de DAECH ».
C'est ce qu'on appelle un dérapage.
Le hashtag #TraditionallySubmissive a été lié au compte du Premier Ministre, et les tweets se compte par centaines depuis plusieurs jours, les retweets encore plus. La dérision et l'esprit ont pris le dessus sur l'humiliation, le but n'étant pas de détruire M. Cameron, mais de rire.
Submissive is most definitely not the word I'd choose @David_Cameron. #TraditionallySubmissive pic.twitter.com/DptxsiVF6Z
— Zaynab (@zay_nab110) 24 января 2016
En parallèle à ces tweets, la question de l'identité des musulmans britanniques se pose. Selon Nigel Farage, la communauté musulmane souffre d'une personnalité tiraillée par ses origines étrangères, et par le « british way of life ».
Or selon un sondage publié en 2011 par le think-tank inter-parti Demos montre que 83% des musulmans de Grande Bretagne sont « fiers d'être britanniques ». Le patriotisme n'a pas de couleur ni de religion; les Israélites italiens et allemands du 19ème siècle en sont un bon exemple, alors que ceux de Russie faisaient face aux pogroms, et l'affaire Dreyfus avait divisé la France.
Identité et religion, des thèmes lancés et relancés par les gouvernants et les médias, parfois dans le but de taper dans l'œil; pourtant, les inquiétudes existent de ce côté.
« Je pense que c'est une réaction assez maladroite, parce que ce n'est pas nécessaire de lier la problématique d'apprendre l'anglais à des questions de sécurité.
Et c'est ce qui explique pourquoi les femmes musulmanes se sont senties visées, parce qu'il a stigmatisé; il a stigmatisé une immigration. »
Le message des tweets est juste, selon Mme Lalonde. La langue est en effet un moyen d'intégration, et de lutte contre le communautarisme.
« Elles se sont senties visées (…), alors que celles qui résident depuis 20 ans et qui ne parlent pas anglais, ne trouvent pas de travail et ne s'intègrent pas du tout dans la société.
En ayant la possibilité d'apprendre l'anglais et de pouvoir bénéficier de ce fond qu'a donné M. Cameron, c'est une façon de faire sortir la femme de chez elle; la femme qui sort, qui travaille et étudie, c'est beaucoup plus simple pour la communauté en général.
Il a surtout comparé cela à des problèmes de sécurité alors que la plupart des terroristes (…) parlent tout-à-fait bien la langue et se sont intégrés. »
De la même façon, personne ne ferait de parallèle entre l'Inquisition et l'Eglise catholique, ni entre les combattants Gurkhas et le bouddhisme. Sachons appeler un chat un chat: un terroriste est un terroriste, et un violeur est un violeur.
« Mister Cameron » ne battra pas DAECH sur ce terrain avec ces propos. Il joue le jeu de DAECH, et travaille (involontairement) à son expansion. En faisant preuve d'esprit, les musulmanes britanniques ont su montrer qu'elles ne joueront jamais à ce jeu, et préfèrent jouer avec les mots.
Les opinions exprimées dans ce contenu n'engagent que la responsabilité de l'auteur.