Les Etats-Unis devront bientôt se faire à une nouvelle réalité dans laquelle ils ne feront pas que décréter des sanctions, mais devront aussi se protéger contre des mesures de rétorsion, a estimé Peter Harrell, ancien collaborateur du département d'Etat américain.
"Les récentes menaces proférées par la Chine de frapper de sanctions les entreprises d’armement américaines qui vendent des armes à Taïwan ne doivent étonner ni les officiels ni les PDG de holdings américains, Washington ayant adopté des sanctions similaires des années durant. Les concurrents des USA n'ont fait que copier la tactique américaine", a écrit M.Harrell sur le site de Reuters.
"Pour sauvegarder nos intérêts nationaux, la Chine a décidé de prendre les mesures qui s’imposent, dont des sanctions contre les entreprises engagées dans cette vente d'armes (à Taïwan, ndlr)", a déclaré à la fin de l'année dernière le vice-ministre chinois des Affaires étrangères Zheng Zeguang.
Selon l'analyste américain, la politique mise en place par Pékin dans un tel contexte n'est que le reflet des sanctions de Washington contre l'Iran entre 2010 et 2015. Les sociétés traitant avec l'Iran étaient alors privées de toute possibilité de mener des affaires avec les Américains et devaient choisir entre Téhéran et Washington. La plupart des sociétés choisissaient le dernier.
Et voilà que désormais, les sociétés américaines devront elles-mêmes choisir entre Taïwan et la Chine continentale, dont l'économie est 20 fois supérieure à celle de l'île. M.Harrell constate que bien que les entreprises américaines ne vendent pas de matériel de guerre à la Chine, elles lui vendent des avions commerciales, des pièces détachées pour voitures et d'autres équipements civils.
Par ailleurs, la Chine figure parmi les marchés les plus importants pour des sociétés américaines telles qu'Apple, MasterCard, Starbacks et autres.
Les politiques chinois se rendent bien compte que leurs déclarations sur des sanctions sont prises au sérieux, vu la puissance économique et financière croissante de leur pays. Qui plus est, d'autres pays, dont la Russie, étudient également les domaines dans lesquels des pressions économiques pourraient être exercées sur les USA et leurs alliés.
"Washington possède un puissant mécanisme analytique pour élaborer de nouvelles sanctions contre d'autres pays, mais ne fait rien pour analyser ses propres faiblesses", conclut M.Harrell.
En même temps, Pékin ne cesse de mettre en garde Washington contre les impacts négatifs que ses ventes d'armes à Taiwan auront inévitablement sur ses relations avec la Chine, toute livraison d'armes à Taipei étant perçue par la Chine comme une ingérence dans ses affaires internes.
Selon les observateurs, c'est une opinion juste, car virtuellement, le monde entier, et les Etats-Unis en particulier, reconnaissent la souveraineté de la Chine sur Taiwan et le fait que l'île est une partie de la Chine.
"Taiwan est une partie inaliénable du territoire chinois. La Chine s'oppose fermement à la vente d'armes américaines à Taiwan", a déclaré M. Zheng.
Cette déclaration survient sur fond de nombreux différends entre la Chine et les Etats-Unis concernant la situation en mer de Chine méridionale, ainsi que de prises de positions sévères à l’encontre de la Chine émanant tant du Parti démocrate que des républicains, alors que les élections présidentielles américaines approchent à grand pas.
Pékin appelle instamment Washington à renoncer à la vente d'armes et à mettre fin à ses contacts militaires avec Taiwan afin d'éviter de nuire davantage aux relations sino-américaines et à la coopération bilatérale dans des domaines majeurs, soulignant que cette vente constitue une grave entorse au droit international et aux normes fondamentales régissant les relations internationales ainsi qu'aux principes inscrits dans les trois communiqués conjoints sino-américains.
"Nul ne peut ébranler la ferme résolution du gouvernement et du peuple chinois à défendre leur souveraineté nationale et leur intégrité territoriale et à lutter contre l'ingérence étrangère", a prévenu le vice-ministre.